Une randonnée au cœur de la nature dans les Gorges du Pas de Cère #EnFranceAussi

Cet article participe au rendez-vous #EnFranceAussi, créé par Sylvie du blog Le Coin des Voyageurs. La thématique du mois? "Bucolique", a été choisie par Pierre, du blog Mon Grand-Est. Je sais que le sens premier se rapporte à la vie pastorale ; mais j'ai décidé d'en faire une interprétation un peu plus large, de vous emmener sur un sentier forestier, dans un lieu naturel spectaculaire, où une rivière serpente au milieu d'arbres magnifiques et de rochers impressionnants, c'est bucolique aussi non ?

Dans le Cantal, la nature a forgé de bien jolis paysages, lentement, patiemment. Dans les Gorges du Pas de Cère, comme ailleurs dans le Pays Vert, ce sont l'érosion et le climat qui ont doucement façonné le panorama, la roche, la terre, les sédiments, pour leur donner la forme qu'on leur connait aujourd'hui ; pour former ce site spectaculaire où le randonneur s'émerveille, sous les arbres, au fil de l'eau.

Les Gorges du Pas de Cère, un site naturel spectaculaire

La morphologie des paysages du Cantal est le résultat d'événements géologiques importants : (pour faire bref) la formation du stratovolcan Cantal, puis son effondrement et finalement l'érosion de ses vestiges, notamment lors de périodes glaciaires.

Les Gorges du Pas de Cère : l'histoire d'une lente érosion de la nature, par la nature

L'histoire des Gorges du Pas de Cère est une illustration parfaite de ce qu'a subi la terre cantalienne, de la succession d'événements qui se sont produits dans le département et ont eu un impact sur la morphologie de son territoire.

Cette histoire a commencé il y a 7 millions d'années avec une importante avalanche (tout un pan du volcan Cantal s'est effondré) dont les dépôts ont bloqué la Vallée de la Cère. Plus tard, ces débris, amassés dans la vallée, ont formé un "barrage" à l'écoulement normal des glaciers (formant ce qu'on appelle en géologie un verrou glaciaire).

Il y a 12 000 ans, les glaciers ont fondu. L'eau qui les composait s'est alors déversée en cascade dans la vallée, depuis le haut de ce "barrage", usant au passage la roche et forgeant peu à peu les gorges telles que l'on peut les voir aujourd'hui.

Un belvédère pour mieux comprendre le lieu

Depuis le belvédère de la Cascade de la Roucolle, un des deux accès actuels à ce site naturel remarquable, l'histoire singulière de ce lieu se révèle, grâce aux panneaux implantés mais aussi grâce à la vue d'ensemble qu'offre ce point de vue. Même s'il est difficile d'imaginer exactement ce à quoi pouvait ressembler le site il y a 12 000 ans, on perçoit mieux comment il a pu être façonné, comment l'eau a joué un rôle prépondérant dans tout ça, et de ce dont la nature, livrée à elle-même, est capable.

En septembre, la Cascade de la Roucolle n'était plus qu'un mince filet d'eau en raison de la sécheresse. Son débit est habituellement plus impressionnant

Randonnée dans les Gorges du Pas de Cère : des sentiers aménagés dans le respect de la nature

Depuis quelques années, un sentier a été aménagé afin de profiter pleinement de ce site magnifique et de la nature qui l'entoure, sans toutefois le défigurer. Les aménagements sont donc tous conçus en bois et ne modifient pas la morphologie du lieu, ils s'adaptent à lui, le rendent davantage praticable, tout en respectant l'environnement.

Deux possibilités pour accéder au Pas de Cère

Pour accéder au Pas de Cère, le clou du spectacle de cette randonnée (avec la Cascade la Roucolle), deux solutions s'offrent au promeneur : débuter la randonnée au hameau de Salvanhac, observer le Pas de Cère puis continuer jusqu'à la Cascade ; ou faire l'inverse, accéder au site par l'aire d'accueil du Pas de Cère, commencer par le panorama sur le Cascade et finir par la découverte du verrou glaciaire.

Dans les deux cas, les sentiers ne sont pas en boucle et vous serez obligé de faire l'aller-retour pour revenir à votre point de départ. Le parcours entre l'aire d'accueil et la passerelle au Pas de Cère représente 4 kilomètres aller-retour avec une pente très importante pour atteindre le Pas de Cère. Celui qui part de Salvahnac fait également 4 kilomètres aller-retour et a un dénivelé positif de 150 mètres jusqu'à la plateforme qui surplombe la Cascade.

La randonnée depuis l'aire d'accueil du Pas de Cère

Dans la partie qui comporte du dénivelé, le sentier balisé, alterne entre escaliers naturels et escaliers de bois construits par l'homme ; il est assez escarpé et glissant lorsque le sol est humide. Si vous le pouvez, faites donc cette randonnée lorsque le temps est sec depuis plusieurs jours. Par ailleurs, il est indispensable d'être bien chaussé, éventuellement équipé d'un bâton, et d'être prudent pour faire cette randonnée.

Mais, croyez-moi, le site est tellement beau que cela vaut bien quelques efforts et, éventuellement quelques glissades !

Une randonnée au plus près de la nature cantalienne

Tout au fond de ces gorges coule donc une rivière, la Cère (qui prend sa source à 1370 mètres d'altitude et finit sa course dans la Dordogne, après avoir traversé la Corrèze et le Lot). Dans ses eaux mais aussi autour d'elle, sur ses berges comme sur les parois rocheuses qui l'entourent, une faune et une flore fragile se sont développées. De fait, le site bénéficie du statut d’Espace Naturel Sensible (ENS) et de site classé Natura 2000, au titre de rivière à loutres.

Lors de notre balade nous n'avons pas eu la chance d'apercevoir des loutres mais nous avons tout de même pleinement profité de cet espace naturel, bucolique et très bien préservé.

Visions d'automne dans le Pas de Cère

Les premières feuilles jaunies ou orangées par l'automne recouvraient déjà le sol, apportant des touches de couleurs supplémentaires à cet environnement boisé magnifique.

Le soleil caressait les feuilles encore attachées aux branches, la silhouette des arbres ; créant un univers d'ombres et de lumières captivant, donnant des reflets entre le bleu et le vert à l'eau translucide de la rivière, offrant un joli spectacle, comme seule la nature le sait faire.

Au sol, quelques champignons pointaient le bout de leur chapeau, embaumant l'air de ce parfum si singulier, reconnaissable entre mille pour moi, et tellement lié à la nature, la campagne, les jolis souvenirs d'enfance dans le Cantal.

Et puis, la forêt a finalement laissé place à une immense paroi rocheuse, monumentale, massive, et pourtant creusée de sillons, égratignée, usée. Le sentier rejoint finalement le niveau de la rivière au beau milieu de deux énormes pans rocheux de plus de trente mètres de hauteur, vestiges du verrou glaciaire, et on ne peut qu'être impressionné par le travail de la nature, la puissance qui s'en dégage.

Le Pas de Cère : quand la nature fait briller un village (et le fait entrer dans l'Histoire)

A la Belle Epoque, le site du Pas de Cère et les eaux puissantes de la Cère étaient très prisés des curistes. Des informations concernant ce pan de l'histoire du lieu sont d'ailleurs égrainées le long du sentier qui mène au hameau de Salvahnac.

Une des plus anciennes unité de production d’électricité domestique au cœur du Pas de Cère

Par ailleurs, dès juin 1897, la cours d'eau et le Pas de Cère ont subi des travaux afin d'alimenter en eau une usine hydroélectrique, établie en contrebas dans un ancien moulin à blé. Cette centrale hydroélectrique, dont il ne reste aujourd'hui que des vestiges, est l'une des plus anciennes unité de production d'électricité domestique en France.

Dans les rochers qui entourent le Pas de Cère, un "canal", encore bien visible, a été creusé afin d'amener l'eau jusqu'à l'usine hydroélectrique. Celle-ci alimentait au départ l'hôtel touristique de la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans, société à l'origine du chantier.

Par la suite, un réseau de fils aériens a été mis en place pour fournir de l'électricité à quelques cafés de la ville et ensuite à des particuliers, moyennant une redevance. Vic-sur-Cère a ainsi été une des premières villes françaises dotée d'électricité.

Le canal creusé dans la roche

Des lettres d'amour accrochées au tronc d'un arbre

L'observation des vestiges de cette installation hydroélectrique marque la fin de la randonnée, le moment de repartir dans l'autre sens, d'observer le site sous un autre angle, de gravir de nombreuses marches et d'avoir, une dernière fois, le souffle coupé devant le panorama du belvédère de la Cascade de la Roucolle (... et un peu à cause de la montée aussi !).

Petite parenthèse botanique

La plante ci-dessous s'appelle la Balsamine de Balfour. C'est une plante singulière et assez marrante puisqu'elle a la particularité d'être très sensible au toucher lorsqu'elle est "fermée" (les "cocons" verts sur la photo de gauche) et d'"exploser" dès qu'elle entre en contact avec quelque chose, son "explosion" libérant au passage des graines qui lui permettent de se resemer, malin non ?

Ce jour-là, c'était la première fois que je randonnais dans les Gorges du Pas de Cère, après en avoir entendu parlé de nombreuses fois, à raison. C'est un endroit vraiment magnifique, où la nature est partout présente, tantôt impressionnante, tantôt délicate ; c'est un écosystème fragile malgré la robustesse de ses parois rocheuses ; un lieu où l'on se sent tout petit face à la force des éléments et ou on oublie tout ce qui ne se trouve pas sous nos yeux, trop occupés à s'émerveiller des richesses de la nature.

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Retrouvez tous les articles du mois sur la carte ci-dessous :

Bonne lecture !

Épinglez-moi !

29 Replies to “Une randonnée au cœur de la nature dans les Gorges du Pas de Cère #EnFranceAussi”

  1. Un aspect méconnu du Cantal !

    1. Pas tant que ça, c’est un des sites les plus visités du Cantal, mais par contre le Cantal est méconnu c’est sûr ! 😉

  2. Top pour une balade l’été!

    1. Avec un petit pique-nique au bord de la rivière à la clé 😉

  3. c est charmant dit, belle balade,
    il faut forcément avoir 1 bon niveau pr faire ces randonnées

    1. Il faut pas un gros niveau je pense mais il faut des bonnes chaussures, de l’eau et ne pas le faire à toute allure parce que ça grimpe quand même bien 😉

  4. Une balade qui doit être bien agréable l’été quand il fait chaud, peut être pas pour s’y baigner, mais au moins pour y tremper les pieds. Très sympas ces petits ponts qui traversent la rivière.

    1. Ça doit être très sympa l’été aussi oui, mais je pense que même si c’est bien ombragé il ne faut pas qu’il fasse trop chaud sinon la montée doit vraiment être éprouvante, ça grimpe dur !

  5. Génial cet endroit! Pas seulement magnifique mais aussi super intéressant. Trop mignon ces lettres d’amour accrochées aux arbres!

    1. Oui c’est vraiment un endroit à voir (je t’y emmènerais quand tu viendras dans le Cantal :D) ! C’est un des sites les plus visités dans le Cantal et je comprends sans problème ce qui a fait sa renommée ! Bon, moi j’ai attendu 30 ans pour aller le voir mais tu sais comment c’est avec les endroits qui sont proches de chez toi … 😉

  6. je pense vraiment qu’il faut qu’on se fasse un #EnFranceAussi dans le Cantal, mais pas un week-end, ce ne sera pas suffisant, il faudrait une bonne semaine … ce lieu est magnifique et sa formation est super intéressante, quand on gambade dans une nature aussi verdoyante, on a du mal à imaginer toutes les étapes, les millénaires que ces terres ont traversé pour se former ainsi …

    1. Je ne peux qu’approuver cette idée de semaine dans le Cantal 😉
      C’est vrai que c’est compliqué d’imaginer ce à quoi le paysage pouvait ressembler au départ quand on voit ce que c’est devenu …
      Spoiler alert : #ParolesDeViellesIsComuing -> on est bien peu de choses face à la nature !

  7. Merci pour toutes ces découvertes! C’est vraiment très tenant. On aura peut être l’occasion d’y faire un tour lors de notre prochain voyage ne France. A bientôt du Mexique

  8. Encore un coin de France que je ne connais pas. Merci pour ces belles photos et cette découverte.

    1. Ce n’est pas le plus connu ni le plus couru, et pourtant il recèle bien des trésors ! Je te souhaite de le découvrir un jour 😉

  9. Ton article me rappelle que j’ai très très envie de visiter le Cantal ! Une idée d’itinérance dans ce coin, un GR ? Très belles photos 🙂

    1. Merci beaucoup Benoît ! Tu as le GR400 qui fait le tour des Monts du Cantal et après il y a plein de jolis villages ou / et lieux naturels à voir ! Assurément il y a de quoi t’occuper (et t’émerveiller) un petit moment 😉

  10. Le Cantal regorge vraiment de beautés à voir. Je suis Mitchka, faut faire une opération #EnFranceAussi là-bas.

    1. Oh oui, il y a plein de belles choses dans ce département ! Un #EnFranceDansLeCantal ça pourrait être chouette oui 🙂

  11. Quelle belle balade ! Tu es vraiment une super ambassadrice du Cantal ! ?

    1. Haha merci, c’est gentil 🙂

  12. Merci pour cette belle balade ! Le Cantal est très bien (et bien mis en valeur 😉 )

  13. Impressionnant ce canal creusé dans la roche ! En tout cas, c’est un bel endroit plein de charme (à tout moment on s’attend à rencontrer un lutin ou un gnome 🙂 ) Merci et à bientôt !

    1. Haha je n’avais pas pensé à ça mais tu as raison, on aurait peut-être pu en croiser ^^

  14. C’est superbe, et verdoyant, j’aime beaucoup !

    1. C’est l’Auvergne <3

  15. Voilà un coin que je connais et que j’ai eu l’occasion de découvrir, il y a de nombreuses années de cela. J’avais adoré tu penses bien ! Merci pour ce chouette partage qui me rappelle de bien jolis souvenirs..

    1. Je te comprends oui, c’est vraiment un bel endroit et idéal pour les amateurs de marche ! Contente d’avoir ravivé des jolis souvenirs 🙂

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