Il y a quatre ans, jour pour jour, nous quittions la Louisiane pour rejoindre le Mexique. Nous passions des températures parfois un peu fraîches de l’Etat du pélican pour nous plonger dans la chaleur mexicaine. Nous quittions les plantations et l’Histoire du sud de l’Amérique pour une immersion dans celle des civilisations précolombiennes qui ont longtemps prospéré au Mexique. Et après la visite du site de Mitla lors de notre premier jour sur place, c’est avec l’impressionnant site de Monte Albán que nous avons poursuivi notre découverte de l’Histoire de l’Etat de Oaxaca.
Monte Albán, sur les hauteurs de Oaxaca de Juarez
Le site de Monte Albán se trouve sur le territoire du municipio de Santa Cruz Xoxocotlán, à un peu moins de dix kilomètres du centre-ville de Oaxaca. Il occupe une position dominante par rapport aux vallées environnantes, notamment celle où se trouve Oaxaca, et offre donc une vue panoramique magnifique.
C'est d'ailleurs cette position dominante qui, d'une part explique le choix de sa localisation et, d'autre part, explique en partie son nom. En effet, "Monte" signifie "mont" ou "montagne" en castillan (sur le pourquoi du comment du nom complet, je vous invite à lire la page Wikipédia, plusieurs théories sont évoquées). Ainsi, le cœur de la cité de Monte Albán a été construit et développé au sommet de trois massifs montagneux : Monte Albán, El Gallo et Bonete (aussi appelé Atzompa).
Ces sommets ont été arasés par les civilisations précolombiennes afin de pouvoir implanter la cité de Monte Albán. La Gran Plaza, cœur de site historique majeur, se trouve 400 mètres plus haut que les vallées qui l’entourent et 1941 mètres au-dessus du niveau de la mer.
L’Histoire de la cité
Cette cité classée au Patrimoine Mondial de l’Unesco depuis 1987 au titre du « Centre historique de Oaxaca et zone archéologique de Monte Albán » possède une histoire très riche. Ce site archéologique est un témoignage précieux du mode de vie et des croyances des civilisations précolombiennes qui ont vécu au Mexique. Impossible pour moi de faire l'impasse sur une partie qui parle de cette Histoire, même si vous pouvez la trouver de manière plus détaillée ailleurs.
Après de nombreuses années de fouilles et d'études du site, les archéologues estiment désormais que l'évolution de la cité de Monte Albán s'est faite sur trois périodes.
Période I : de 500 à 200 avant notre ère
Les traces de vie humaine sur le site datent de 500 avant notre ère. L'occupation de la zone se limitait alors à certains endroits de la montagne en raison de leurs caractéristiques (fertilité de la terre, présence d'animaux, de végétaux comestibles et de sources d'eau).
Par la suite, les premières habitations ont été construites. Au départ, seuls des matériaux périssables étaient utilisés pour construire les maisons mais rapidement la pierre a fait son apparition, pour les fondations puis pour les tombes.
La population de Monte Albán a peu à peu augmenté. Les archéologues supposent qu'il existait déjà à l'époque une organisation hiérarchisée du travail de groupe afin de mener à bien les grands travaux nécessaires à l'aménagement de la montagne.
Les "Danzantes", des pierres gravées sur lesquelles on peut voir des personnages, présentes sur le site, ont été gravées durant cette période. Selon les théories, il s'agit de prisonniers morts sacrifiés ou de personnes en situation de handicap assimilées à des êtres magiques ou des chamans. Dans tous les cas, ces pierres gravées dénotent une volonté de se souvenir de certaines choses et permettent de démontrer l'influence de la culture olmèque, qui serait à l'origine de la fondation de la cité.
Un petit point sur les olmèques
Il s'agit d'un peuple précolombien de Mésoamérique qui a vécu de 2500 à 500 avant notre ère dans le bassin de Mexico, sur la côte du golfe du Mexique et le long de la côte Pacifique. La culture olmèque est souvent considérée comme la culture-mère car c'est la plus ancienne civilisation connue de Mésoamérique. Le terme "olmèque" vient du nahuatl « olmeca » et signifie "les gens du pays de caoutchouc".
Période II : de 100 à 200 après notre ère
Durant cette période, l'accroissement de la cité s'accélère. Certains des édifices anciens sont modifiés et nouvelles structures voient le jour. Certaines "danzantes" sont utilisés dans ces nouveaux bâtiments.
Période III : de 200 à 600 après notre ère
C'est à cette période que la cité de Monte Albán connait son apogée. Les archéologues pensent qu'à cette époque Monte Albán comptait 40 000 habitants, répartis sur une superficie de 20 km².
Sur les flancs des montagnes se trouvaient de nombreuses terrasses où étaient construites maisons et sépultures. Au sommet de la montagne, certains édifices avaient pour fonction unique d'accueillir des cérémonies religieuses publiques et privées.
La Gran Plaza, une esplanade de 300 mètres de long sur 150 de large, était le cœur de cette cité, qui a pendant longtemps était le centre urbain le plus important des vallées de Oaxaca. Autour d'elle, des temples, des palais résidentiels, des tombes en pierre, se dressaient et dominaient les vallées environnantes. L'étude du site a également permis de mettre au jour un système d'adduction d'eau ainsi qu'un terrain de jeu de balle.
Avec le déclin de la civilisation zapotèque, Monte Albán perd de sa superbe. Elle est abandonnée au 7e siècle après notre ère, sans que l'on connaisse, aujourd'hui encore, la raison exacte.
Une parenthèse mixtèque
A partir du 12e siècle et jusqu'à l'arrivée des conquistadors au 16e siècle, des représentants de la civilisation mixtèque ont occupé la cité abandonnée.
Visite de la cité de Monte Albán
Nous avons rejoint Monte Albán depuis Oaxaca en minibus, spécialement affrété pour notre groupe (si vous avez loupé les articles précédents, nous étions avec un groupe d’amis pour ce voyage). Après avoir traversé la ville, bruyante et animée, on a emprunté des routes entourées de terrains arides et déserts. En quelques kilomètres à peine, l’ambiance qui nous entourait a totalement changé.
Monte Albán, une vue de premier choix sur la vallée de la Sierra Madre del Sur
Petit à petit, nous avons pris de l’altitude et découvert les toits de la ville et les montagnes environnantes. Oaxaca est située dans une vallée de la Sierra Madre del Sur, les sommets qui l’entourent sont à la fois impressionnants et nombreux.
Arrivés aux portes du site archéologique, légèrement en contrebas par rapport à la cité, la vue sur les environs était déjà très belle. En se tournant vers l’est, on pouvait observer les montagnes et, isolée du reste de la cité, la tombe 105.
En prenant de la hauteur sur le sentier, on a pu profiter pleinement de la vue panoramique sur les environs et notamment sur la très étendue Oaxaca de Juarez (qui occupe une superficie de 8 698 hectares).
La plate-forme nord
Le long du sentier, on a pu observer les premières pyramides à degrés, qui servaient a priori de monuments funéraires. Pendant que les prêtres pratiquaient les rituels funéraires au sommet, la population déposait, elle, des offrandes au pied de ces pyramides.
Ces pyramides à degrés font partie de ce qui a été nommé la "plate-forme nord", plus grande structure de la cité faite de pierre et de terre.
Cette plate-forme imposante repose sur des murs de soutènement superposés et compte de nombreux édifices (temples, palais résidentiels) ainsi que des lieux de culte. Le plus remarquable de ces lieux de culte est le Patio Hundido, une impressionnante cour creusée qui se trouve en contrebas du reste de la plateforme.
Depuis certains points de la plate-forme nord, on a pu profiter d’une vue panoramique sur le site et se rendre compte de sa surface mais aussi de la rigueur qui caractérise sa construction. A Monte Albán, tout semble rectiligne, étudié, mesuré pour créer un ensemble harmonieux et ordonné. Et comme souvent sur ce genre de site, bâti à une époque où nos outils modernes et technologiques n’existaient pas, j’ai été émerveillée de voir la précision des constructions et l’état de conservation du lieu.
Autour de la Gran Plaza
Arrivés au cœur de la cité, sur la Gran Plaza, l’émerveillement n’en finissait pas. A ce niveau, au milieu de tous les édifices et des entre les deux plateformes qui jalonnent le site au nord et au sud, j’ai pris toute la mesure de sa superficie. Et là, parmi tous les promeneurs qui arpentaient la terre asséchée par le soleil, mon esprit a vagabondé, imaginant une cité peuplée, animée, bruyante.
Sur la partie ouest du site, on a ensuite découvert les danzantes, ces pierres aux gravures caractéristiques des civilisations précolombiennes. Certaines des gravures sont plus détaillées que d’autres, plus sophistiquées aussi.
Sur la Gran Plaza, les lieux d’ombres sont rares et sa visite a donc été assez fatigante (malgré ma casquette estampillée Louisiana). D'ailleurs, lors de notre passage, en février, le site était particulièrement aride et pelé alors qu’il peut être verdoyant à d’autres périodes de l’année (et de mon point de vue ça lui donne un tout autre visage !).
La plate-forme sud
Cette plate-forme est significativement moins étendue que celle du nord, moins complexe aussi. De chaque côté de l’escalier monumental (et raide !) qui permet d’accéder à son sommet, la végétation recouvre entièrement les versants et les pierres. Ce côté végétalisé donne, à mon sens, un côté pas totalement exploré à cette partie du site, comme si tous les secrets n’en avaient pas encore été révélés.
Depuis ce promontoire, on a découvert une nouvelle perspective sur le site et sur les environs, arides, drapés dans des brumes de chaleur. Le côté inexploré de cette plateforme est renforcé par la pyramide à degré qui s’y trouve, moins bien conservée que les autres et parsemée de végétaux.
Le monument « Grand Jeu de balle »
Au nord-est de la Gran Plaza, la surprise nous a saisi lorsque l'on a découvert le monument "Grand jeu de balle", un lieu que l'on n'imaginait pas voir dans une cité précolombienne !
Et pourtant, il y a bien un terrain aplani en contrebas du reste du site. Il mesure 40 mètres de long, 7 mètres de large à l'endroit le plus resserré et 22 autrement. Des escaliers et des murs encadrent cette "arène" singulière. Passionnés de sports, on s'est demandé quelles pouvaient être les règles de ce jeu de balle.
C’est avec cet édifice et quelques autres qui se trouvaient autour que notre visite de cet impressionnant site précolombien s’est terminée. Monte Albán a été la cité la plus importante de la culture zapotèque et encore aujourd'hui lorsque l'on visite cette zone, lorsque l'on contemple ses temples et palais, on n'a aucun mal à imaginer l'importance du lieu dans la région.
Après la visite de Mitla, celle de Monte Albán était le prolongement parfait. Les deux sites sont au final assez différents et permettent de voir les différentes facettes des civilisations précolombiennes qui ont vécu au Mexique et en particulier la culture zapotèque.
Très intéressant, je ne connaissais pas cette partie de l’histoire, merci
Avec plaisir !
Merci à vous pour votre passage sur mon blog 🙂
Magnifique site, plein d’histoires ! Je me rappelle des olmèques, on en parlait dans le dessin animé les mystérieuses cités d’or ! 😁
Ah oui ? Je me souviens surtout du générique et finalement assez peu du dessin animé … !
C’est un site exceptionnel oui, impressionnant et fascinant également 🙂
Magnifique ! 😲 Les vestiges sont proches de ce que j’ai vu au Yucatán mais les paysages environnants donnent une dimension ultra spectaculaire au site.