La Sardaigne en peinture : où voir des murales sur l’île ?

Lorsqu’on évoque la Sardaigne, on pense généralement à ses plages de sable blanc qui bordent une mer cristalline. Un cliché qui est vrai, mais qui est loin d’être la seule réalité de l’île. Ce joli bout de terre possède bien d’autres trésors qui méritent autant d’attention que ses rivages azurés. Et parmi ses richesses à ne surtout pas manquer, selon moi, il y a les murales.

Les murales sont bien plus que de simples peintures qui ornent les murs des villes et des villages sardes. Elles mettent en scène la vie de tous les jours, les traditions, la gastronomie, des célébrités locales, … Mais aussi, et surtout, elles sont un moyen d’expression et de contestation à propos de la politique, depuis la seconde moitié du 20ème siècle.

Qu’elles illustrent une tradition sarde ou dépeignent les travers de la société moderne, ces peintures enrichissent le visiteur, suscitent des émotions et poussent à la réflexion. Durant nos séjours sur place, nous avons croisé de nombreuses murales, au hasard de nos balades ou parce que nous savions que le village en question était une véritable galerie d’art à ciel ouvert.

Les murales les plus célèbres de l’île se trouvent sans conteste à Orgosolo. À tel point qu’en lisant certains guides, on a parfois l’impression que c’est le seul village où l’on peut en voir... Mais ce n’est pas le cas ! J’ai donc décidé de vous proposer une liste, non-exhaustive et vouée à évoluer, de lieux où voir des murales.

Orgosolo, la plus célèbre des galeries de murales sardes

Comme évoqué juste au-dessus, Orgosolo est LE lieu pour voir des murales en Sardaigne. Situé au cœur de la Barbagia, dans la Province de Nuoro, ce bourg sarde est niché dans le massif du Supramonte, un ensemble montagneux avec hauts plateaux, dolines, canyons, etc. A Orgosolo, on dénombre environ 400 murales. Beaucoup sont relatives à la politique et évoquent les luttes et contestations locales et internationales, d'autres illustrent le quotidien.

C’est en 1968 que le collectif anarchiste milanais Dioniso utilise pour la première fois les murs du village comme toile d’expression. Beaucoup d'œuvres ont été réalisées par Francesco Del Casino, professeur de dessin originaire de Sienne, venu s’installer sur place après avoir vu le film Banditi a Orgosolo. Pendant 20 ans, il a marqué les murs de la ville de son style, inspiré par Picaso. Certains de ses anciens élèves, les api (les abeilles), ont ensuite très largement repris le flambeau et inondé les murs de couleurs et de messages politiques. Aujourd’hui des artistes venus de toute l’Europe viennent peindre les murs d’Orgosolo, au côté des artistes locaux.

Pour admirer les murales d’Orgosolo, rendez-vous sur le Corso Republica … et dans toutes les rues autour !

Oliena

À 20 minutes au nord-est d'Orgosolo, Oliena est une petite ville de la Barbagia, elle aussi. Nichée aux pieds du mont Corrasi, sa situation naturelle offre un beau spectacle aux promeneurs. Mais Oliena possède bien d'autres atouts. Il y a ses ruelles pleines de charmes, ses nombreuses petites chiese et évidemment, puisque c'est le sujet de cet article, ses murales !

L’Histoire de la Sardaigne, les traditions artisanales, la vie politique et même le calcio (le foot) ont droit à leur représentation artistique sur les murs d'Oliena. Tout comme les sujets évoqués, les styles des peintures sont variés : colorées ou non, figuratives ou abstraites, ... Il y en a pour tous les goûts et dans tous les recoins de la ville !

Pour les voir, garez-vous près de la Chiesa Santa Maria Assunta et déambulez ensuite au sud de celle-ci, notamment autour du Corso Vittorio Emanuele II. Et petit bonus lors de votre visite : si vous grimpez (et ce n'est pas un vain mot) jusqu'à la Chiesa della Madonna di Bonaria, vous profiterez d'une belle vue sur Oliena et les alentours.

Mamoiada

A 10 kilomètres à l'ouest d'Orgosolo, dans la Barbagia, Mamoiada est un bourg de montagne tranquille... la plupart du temps ! Théâtre d'un important carnaval organisé lors de la Saint-Antoine, Mamoiada est le repère des Mamuthones et des Issohadores. Ces créatures masquées et mystérieuses font la renommée de Mamoida par delà les rivages de l'île.

Et, en toute logique, ils ont donc également leur place sur les murs de la ville, parmi les autres sujets peints. Pour être sûr d'apercevoir les peintures de Mamoida, garez vous à proximité du Corso Vittorio Emanuele III et déambulez dans les petites rues qui le croisent.

Sur place, vous pourrez en profiter pour visiter le Museo delle Maschere Mediterranee ainsi que les ateliers de fabrication de masques. Je vous recommande en particulier celui d'Antonello Congiu qui fait un travail magnifique en plus d'être une personne très sympathique et accueillante !

Fonni

Situé au sud d'Orgosolo et de Mamoiada, Fonni a la particularité d'être le bourg le plus élevé de Sardaigne. Niché sur les pentes du Gennargentu, Fonni se partage le seul domaine skiable de Sardaigne avec les communes voisines de Desulo et Villagrande Strisaili. Mais Fonni est également un village charmant, avec de belles maisons en pierres et, bien sûr, des murales.

Pour admirer les beaux trompe-l'œil et autres œuvres peintes de Fonni, laissez votre voiture non loin de la Chiesa di Santa Croce. Arpentez ensuite la Via Don Burrai pour rejoindre la Via Sassari, puis la SP 7 et, enfin, perdez vous dans les petites rues autour de la Chiesa di San Giovanni Battista.

Et si, tant que vous êtes sur place, vous voulez en savoir plus sur la culture et l'histoire sarde, vous pouvez également visiter le Museo della cultura pastorale.

Urzulei

Toujours au cœur de la Barbagia, le territoire d'Urzulei est caractérisé par un relief important et la présence de très nombreuses grottes (on en dénombre entre 250 et 300). Mais Urzulei c'est aussi le lieu du du plus grand tournoi de murra de l'île. Il s'agit d'un jeu de doigts traditionnel, appelé morra en italien et mourre en français (pour voir en vidéo c'est par ici).

À Urzulei, les murales sont, pour la plupart, en noir et blanc. Elles représentent des scènes de vie, des traditions (comme la murra) ou des personnalités du village. Elles ont été réalisées à partir de photographies anciennes. Pour les voir, partez de l'Anfiteatro et laissez vous porter par le hasard des petites rues.

Et si vous voulez en savoir plus sur l'histoire derrière chaque peinture, il y a un site pour ça !

Bari Sardo

Plus au sud, toujours dans la Province de Nuoro mais dans au cœur de l'Ogliastra cette fois, se trouve Bari Sardo. Située à 51 mètres d'altitude, Bari Sardo est une ville qui compte près de 4000 habitants et bénéficie d'un accès à la côte et, donc, à de (jolies) plages. Sur l'une d'entre elles justement se dresse la Torre di Barì, tour médiévale de construction espagnole.

Les murs de Bari Sardo sont colorés, comme partout sur l'île, mais compte également quelques jolies murales. Parmi celles-ci, il y a beaucoup de trompe-l'œil, qui parfois se fondent vraiment bien dans le paysage urbain, et de grandes fresques. Pour les trouver ... explorez la ville !

Et pour bénéficier d'une jolie vue sur la ville, rendez-vous sur le promontoire de la Chiesa campestre di San Leonardo !

Irgoli

Petite ville de la Province de Nuoro, Irgoli bénéficie d'une vue imprenable sur les roches calcaires du Monte Tuttavista au sud et sur les Monti Remule au nord. Non loin d’Orosei, ce lieu de villégiature paisible était le nôtre pour notre quatrième voyage sur l’île. Assez peu mis en avant sur les guides de voyage, Irgoli possède pourtant un riche patrimoine « muralistique ».

Pour admirer ses nombreuses fresques aux styles variés, vous pouvez prendre comme point de départ la Chiesa Parrocchiale di San Nicola. De là, partez dans à peu près n'importe quelle direction et vous trouverez des jolies peintures sur les murs ! (Oui je sais, ce sont de très bonnes indications dont la précision aide énormément :D)

Ottana

C'est dans la vallée du fleuve Tirso, toujours dans la Province de Nuoro mais dans sa partie ouest, que se trouve Ottana. Vraisemblablement fondée à l'époque de la civilisation nuragique, Ottana est entourée de nombreux domus de janas, nuraghes et tombes de géants. Comme Mamoida, Ottana possède un important carnaval qui font sa renommée.

Lors de cette célébration Merdùles, Boes, Porcos, Molentes, Crapolos défilent dans les rues et suscitent l'intérêt de tous. Et c'est également eux les principaux sujets des quelques murales (et d'autres types de créations artistiques) que l'on peut voir à Ottana. Elles ne sont pas très nombreuses ici et se trouvent plutôt dans la Via Libertà et ses alentours

Lors de votre passage, n'hésitez pas à pousser la porte des ateliers de fabrication de masques et ne manquez pas la magnifique Chiesa Romanica di San Nicola !

Silanus

Accrochée à une colline qui culmine à 432 mètres, la petite ville de Silanus fait partie du réseau Borghi autentici d'Italia. Elle se trouve dans la Province de Nuoro, à 20 kilomètres au nord-est d'Ottana, dans la région historique de Marghine. Son territoire regorge de sites archéologiques et comporte un important patrimoine religieux.

Voguer d'église en église peut d'ailleurs être une belle façon de découvrir Silanus et ses murales ! Là encore, vous pourrez admirer des scènes de vie sardes, les traditions et l’Histoire de l’île. Une peinture à ne surtout pas manquer selon moi, mon petit coup de cœur perso, se trouve juste à côté de la Chiesa della Maddalena.

San Sperate, « village-musée » et pionnière du muralismo

J’ai consacré un article entier à San Sperate, que nous avons visité lors de notre troisième séjour en Sardaigne. J’avais eu un véritable coup de cœur pour ce « village-musée » à une vingtaine de kilomètres de Cagliari.

Comme cet article existe et évoque également l’histoire du village je ne vais pas m’étendre trop ici. Je vous invite donc à le lire pour en savoir plus et admirer une partie de cette véritable galerie d’art : Parenthèse colorée à San Sperate, pionnière du muralismo en Sardaigne

Tous les lieux évoqués sur une carte, ça donne ça (⬇) et ça peut, à mon avis, donner une chouette idée de fil rouge à suivre durant un séjour en Sardaigne !