La France regorge de merveilles. En 2018, le temps d'un week-end, nous avons eu l'occasion de découvrir un joli coin de France que nous connaissions peu : la Haute-Vienne. Située à mi-chemin entre mon Cantal natal et la Presqu'île de Guérande de Nico, cela en faisait le point de rassemblement idéal pour un moment avec nos familles.
Notre point de chute en Haute-Vienne : la Sagne-Barrat, maison de maître
Pour ce week-end familial, il nous fallait une grande maison, avec assez de chambres pour que tout le monde puisse se reposer des apéros balades.
Ma recherche de maison a donc été orientée par trois critères :
- le premier : le nombre de chambres donc,
- le deuxième : l'emplacement du logement qui devait être à peu près équidistant du Cantal, de la Presqu'île de Guérande et de Toulouse,
- le troisième : un prix raisonnable pour l'élue qui réunirait les deux critères précédents !
Et c'est donc à la Sagne-Barrat, en Haute-Vienne, que nous avons posé nos valises et nos victuailles, pour ce week-end sous le soleil. Le gîte que nous avons loué était magnifique, coupé du monde, bien équipé (il avait même un clavecin, c'est vous dire !). Il comportait évidemment le bon nombre de chambres, mais aussi beaucoup de cachet, une grande terrasse avec vue sur les alentours et un parc arboré. Le lieu parfait.
Magnac-Laval, ancienne baronnie et village de charme en Haute-Vienne
La Sagne-Barrat se trouve sur la commune de Magnac-Laval, dont le bourg est situé à cinq kilomètres. Le samedi matin, nous avons donc rejoint le cœur du village, en voiture, pour nous balader et faire quelques courses.
L'Histoire (en résumé) de Magnac-Laval
Dès l'époque romaine, la cité d’Augustomagnus était une étape importante sur la route qui reliait Trèves (en Allemagne, appelée à l'époque Augusta Treverorum ou Treveris) à Bordeaux (Burdigala, tant qu'on est dans les noms romains).
Lors de l’invasion des « barbares » (comprenez les non-romains), la cité, désormais nommée Magnac, passa sous la domination des Wisigoths. En 507, après la victoire de Vouillé, Magnac est aux mains des Francs. Plus tard, la ville se défend contre les Normands contrairement aux alentours, détruits par les hommes venus du Nord.
Entre le 10e et le 12e siècle, la ville est marquée par des luttes incessantes entre les barons de Magnac et leur suzerain, le Comte de la Marche*. Pendant la guerre de Cent ans, la ville est resté fidèle au Roi de France ce qui lui a valu une visite de Charles VII en 1440 (#laclasse).
*Une petite précision : "La Marche (La Marcha en occitan) est une région historique et culturelle française, correspondant à une ancienne province et dont la capitale est Guéret" Wikipédia
A partir de 1650, Magnac est érigé en Marquisat pour Antoine de Salagnac de la Mothe-Fénélon, gouverneur de la Basse et de la Haute Marche. En 1664, il fonda un collège pour offrir aux jeunes de Magnac l'éducation des Sulpiciens.
En 1758, le territoire de Magnac devient le "Duché-prairie" de Guy-André-Pierre de Montmorency-Laval, Duc de Laval et Maréchal de France et se voit donc rebaptisé Magnac-Laval. Pendant la Révolution, la commune a porté le nom de Magnac-la-Montagne. Par ailleurs, son nom en occitan marchois est Manhac la vau.
Flânerie et contemplation dans les rues de Magnac-Laval
Depuis la Place de la République, bordée par la Mairie et le marché, nous avons pris la direction des petites rues autour de l'église Saint-Maximin. Construit en 1961, l'Hôtel de Ville actuel occupe l'emplacement des jardins de l'ancien hôpital bâti au 17ème siècle.
De la génoise ... sur les murs de Magnac-Laval !
Dès nos premiers pas dans les rues resserrées qui entourent l'église, un détail a attiré mon regard : la génoise ! Et non, je ne parle pas de pâtisserie mais bien d'architecture !
Un petit point architecture et histoire
Originaire d'Italie, et plus particulièrement de Gênes (comme le biscuit qui porte le même nom !), cet élément architectural a plusieurs objectifs. Premièrement, il permet d'éviter le ruissellement des eaux de pluie sur la façade du bâtiment. Deuxièmement, il supporte et continue le pan versant du toit. Troisièmement, il offre un détail de charme aux bâtisses qu'il orne !
Formée d'un à quatre rangs de tuiles-canal (c'est-à-dire des tuiles arrondies, dont la forme rappelle celle d'une gouttière), la génoise a fait sa première apparition en France en Provence, dans la première moitié du 17e siècle. Elle a ensuite été très largement utilisé partout en France.
Le nombre de rangs était parfois considéré comme un symbole de richesse, plus ils sont nombreux, plus le propriétaire est riche. Au 18e et 19e siècle, les corniches de pierre, plus ou moins travaillées, remplacent peu à peu la génoise sur les bâtisses les plus riches.
J'en avais très certainement déjà vu en Occitanie sans y faire vraiment attention, mais là, à Magnac-Laval, je n'ai vu que ça ! Et j'ai trouvé cela superbe ! Comme une dentelle de terre cuite qui vient souligner la toiture, rehausser la façade, offrir une pointe de finesse et une touche de singularité à chaque édifice.
L'église Saint-Maximin et le Vieux Collège
Visible de loin avec son clocher hexagonal et sa flèche en granite, l'église Saint-Maximin est au centre de l'ancien cœur médiéval de Magnac-Laval. Elle aurait été construite autour de l'an mil et serait l'une des plus anciennes de tout le Limousin.
Comme de nombreuses églises françaises, elle a subit de nombreuses modifications au cours des siècles qui ont suivi sa construction. Ainsi, l'église comporte une nef romane datant du 10e siècle, un portail du 12e siècle, un chevet gothique du 13e, une abside de type néo-roman du 15e siècle et des chapelles ajoutées durant le 16e siècle. Elle est inscrite aux Monuments Historiques depuis le 7 janvier 2009.
Depuis la Place du Collège, nous avons donc pu, à la fois, observer le clocher de l'église, contempler la génoise sur les maisons autour et voir le clocheton du Vieux-Collège. Ce-dernier, couvert de bardeaux de châtaignier a été réalisé par des compagnons charpentiers.
Ce petit séminaire (qui, je vous le rappelle, a été construit en 1664 sur ordre du marquis de Magnac) a également servi de caserne, de mairie et d'école avant de devenir le Centre Éducatif et de Formation Professionnelle qu'il est aujourd'hui.
Les (autres) jolies choses de Magnac-Laval
La suite de notre balade s'est faite au hasard des rues, au gré de ce qui attirait notre regard. Nous avons papillonné de belles fenêtres en portes joliment ciselées, de petites rues charmantes en places bordées de beaux édifices. Quelques touches de nature, sauvage ou apprivoisée, sont venus chatouiller nos rétines et notre odorat.
A Magnac-Laval, les bâtisses sont souvent collées les unes aux autre mais peuvent parfois être différentes. Ainsi, d'un mur "lisse" et à l'aspect récent, on passe à une surface granuleuse et inégale parsemée de pierres taillées par la main de l'homme et le temps qui passe. D'une maison grise, un peu tristounette, on passe à une autre, jaune et chaleureuse, embellie par le soleil du mois de mai. Chaque maison a sa particularité et l'ensemble hétéroclite que cela créé est un vrai plaisir pour les yeux !
Notre petite, mais agréable balade, à Magnac-Laval s'est terminée dans les commerces locaux et nous sommes repartis dans notre gîte les bras chargés de produits régionaux !
Le Moulin de Beaubeyrot
Après un délicieux barbecue au soleil sur la terrasse de notre gîte, l'envie (et le besoin) de s'agiter un peu s'est fait ressentir. Notre idée initiale était de profiter de ce week-end pour faire une grande partie de pêche autour de l'Etang des Pouyades. Mais, l'absence de soleil et d'envie de trop s'embêter ont fait que l'on a finalement décidé de simplement marcher un peu.
Depuis la Sagne-Barrat jusqu'au Moulin de Beaubeyrot, il y a à peine plus d'un kilomètre. Nous l'avons parcouru tranquillement, avec plusieurs arrêts pour appeler les moutons dans les champs autour ; regarder les fleurs, les insectes ; changer d'épaules pour mes neveux ...
Bref, c'était une belle et joyeuse balade, au plus près de la verdure, qui s'est terminée au bord de la Brame, avec une vue toute en reflets et en bruits d'eau près du joli Moulin de Beaubeyrot.
Le Dorat, Petite Cité de Caractère de Haute-Vienne
Après une belle soirée à rire et chanter, le soleil a de nouveau empli le ciel de Haute-Vienne pour nous permettre de passer une agréable dernière journée sur place. A quatre kilomètres de notre lieu du villégiature pour le week-end se trouvait Le Dorat, une Petite Cité de Caractère pleine de promesses d'après ce que j'avais pu en lire en préparant ce court séjour.
Le Dorat à travers les siècles (et en résumé)
L'origine de ce village remonte à l'an 950, date à laquelle des missionnaires écossais, les Scotorum, auraient construit ou reconstruit une église dédiée à Saint-Michel sur ce territoire, en lui donnant leur nom au passage.
Quelques années plus tard, Boson 1er le Vieux, comte de la Marche, fonde la chapelle Saint-Pierre et le chapitre du Dorat (un collège composé de clercs appelés chanoines) autour de cette église Saint-Michel. Détruite en 1060 par un incendie, la collégiale est reconstruite et son grand clocher n'est achevé qu'au début du 13e siècle.
Au cours du 14e siècle, le Dorat est passé plusieurs fois aux mains des Anglais. C'est pour éviter une nouvelle défaite face à ces derniers que Guillaume l'Hermite, abbé du Dorat, entreprend la construction de fortifications autour de la ville et de ses églises.
Au 16e siècle, la ville a très largement été secouée, pillée, détruite par les guerres de religion.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l'histoire du Dorat, je vous invite à consulter la page Wikipedia du village
Le Dorat, le temps d'une balade
Lorsque l'on s'approche du Dorat, impossible de manquer la Collégiale Saint-Pierre-du-Dorat qui surplombe nettement le reste du village et les alentours. C'est à ses pieds que nous avons commencé notre balade dans cette jolie Petite Cité de Caractère.
Comme à Magnac-Laval, les petites rues arrondies et les détails d'architecture témoignent du passé médiéval de la ville. Et, comme le village voisin, Le Dorat est un lieu agréable où il fait bon flâner en regardant, là aussi, les génoises qui ornent les habitations.
Dans le prolongement de la Place Charles de Gaulle, où trône la Fontaine Lapayrière, une petite esplanade permet d'observer la campagne environnante, verte, arborée, paisible.
Portes médiévales, jolies fenêtres, éléments originaux d'architecture et bâtiments historiques ont rythmé notre balade dans les belles ruelles du Dorat. Et si j'ai adoré musarder dans les rues Raymond Chameaux, Courbe et Saint-Michel, il y a une rue qui m'a encore plus séduite et marquée durablement : la Rue des Fours.
Coup de cœur pour la Rue des Fours
Dans le prolongement de la rue Saint-Michel, la rue des Fours est un petit paradis pour amateurs de fleurs et de vieilles pierres. Dans cette petite rue, la nature foisonne sur les façades et dans les jardins, offrant couleurs et chaleur à ce panorama qui a pour toile de fond les clochers de la Collégiale et de la chapelle des Sœurs de Marie-Joseph et de la Miséricorde.
Pour moi, c'est une des plus belles vues du Dorat, un endroit d'où l'on pourrait peindre tout le charme de cette Petite Cité de Caractère. Le point de vue qui, a lui seul, donne envie de visiter le Dorat. Cette vue-là, sur la photo ci-dessous à droite.
La Collégiale Saint-Pierre du Dorat, bijou roman de la Haute-Vienne
Construite dans le style roman, elle mesure 77 mètres de long et 39 mètres de large au niveau du transept, avec un plan en croix latine. Sa construction a débuté au 12e siècle et elle a par la suite été fortifiée au 15e siècle. Elle est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1846.
Impressionnante depuis l'extérieur, la Collégiale l'est tout autant à l'intérieur. Contrairement à la plupart des églises françaises, lorsque l'on rentre dans celle-ci, on surplombe la nef et le cœur et on prend alors toute la mesure de cette immense édifice. Assez sobre en terme d'ornements, c'est ici le travail de la pierre et les volumes qui impressionnent.
Notre balade au Dorat s'est terminée là où elle avait commencé, devant cette imposante collégiale, témoin de l'Histoire de ce petit bout de Haute-Vienne. Nous avons ensuite rejoint la Sagne-Barrat pour profiter de derniers moments joyeux et précieux en famille, avant que chacun ne reparte chez soi et que, de notre côté, nous poursuivions notre découverte du Limousin, un peu plus au sud.
Si vous voulez en savoir plus sur ce territoire, prolonger virtuellement la visite ou préparer la vôtre, je vous recommande de consulter ces trois sites :
c’est un coin que j’ai traversé plusieurs fois, mais sans prendre le temps de le découvrir, c’est une excellente idée!
mais c’est mignon tout plein!!! Ça donne envie d’aller ouvrir toutes ces maisons fermées!
Nous vous remercions de partager avec vos lecteurs votre découverte de notre beau territoire qu’est la Haute-Vienne. Nous espérons que votre évasion donnera envie à de nombreux autres voyageurs curieux 😊
Il y a des pépites partout ! De la Haute-Vienne, je ne connais que Limoges (très brièvement) et Oradour-sur-Glane, moins joyeux ! 🙂
Très beau reportage, très riche, j’ajouterais juste la porte Bergère au Dorat (seule porte fortifiée du XV siècle conservée en Haute-Vienne et classée aux monuments historiques ).
Une petite précision (j’ose) j’ai habité à la Sagne dans l’une des deux fermes, aussi suis-je très touchée par votre compte-rendu.
Je ne connaissais pas du tout ces endroits, mais cela donne bien envie d’y faire des balades ! 🙂 Merci pour le partage !
La France compte tellement de merveilles, on ne peut pas toutes les connaître 😉