Sur les traces du passé : bribes d’Histoire(s) et vues vintages à Toulouse – #EnFranceAussi

Il n'y a pas qu'en voyage de l'autre côté de l'Atlantique, de la Manche, des Alpes ou des Cévennes que je prends des photos avec un appareil photo jetable. Je le fais aussi de temps en temps à Toulouse ! Pour capturer les monuments emblématiques de la ville avec ce grain si spécial, pour capter certains trésors plus discrets ... ou parfois pour finir la pellicule !

Dans tous les cas, j'aime toujours autant voir les réactions des personnes qui me croisent à cet instant-là. Leur regard incrédule face à cet appareil venu d'un autre temps (que les moins de 20 ans...). Et puis j'aime surtout voir celles et ceux qui lèvent la tête pour regarder ce que je photographie, qui ralentissent leur cadence et observent à leur tour les beautés qui les entourent.

À l'occasion du rendez-vous #EnFranceAussi sur le thème "Sur les traces de ...", j'ai décidé de raconter l'Histoire derrière ces clichés. Pour que le "vintage" de l'image se prolonge dans le texte qui l'accompagne. Afin de ne pas vous faire sombrer dans l'ennui (parce que ce n'est pas non plus un cours théorique sur le passé de Toulouse), j'ai essayé d'être assez concise. À vous de creuser si vous voulez en savoir plus !

J'ai mis du temps à trouver certaines informations, surtout sur des bâtiments qui, à priori, n'ont rien d'historiques. Mais en creusant bien, j'ai fini par réussir à retrouver des bribes du passé pour presque toutes mes photos ! J'espère que vous prendrez autant de plaisir à lire cet article que j'ai eu à l'écrire.

Et si un historien passe par là et qu'une de mes synthèses lui hérisse le poil, qu'il se manifeste (gentiment) en commentaires, ou me laisse dans ma mécompréhension à jamais !)

Le Donjon du Capitole

Bien avant d'accueillir l'Office de tourisme, cet édifice avait pour rôle de protéger... les archives et la poudre à canon ! C'est en 1525 que les Capitouls décident de construire la "tour des Archives" (ou "tour des Consistoires") en prévision d'une invasion espagnole. Construit en 4 ans, le donjon était alors coiffé d'un élément en bois aujourd'hui disparu : un enfant-girouette, remplacé dès 1544 par une Dame Tholose (qui se trouve aujourd'hui au musée des Augustins).

Après des siècles de déconvenues avec son toit, le donjon est finalement restauré par Viollet-le-Duc entre 1873 et 1887 qui lui ajoute le beffroi flamand à clocheton que l'on peut admirer aujourd'hui et qui dénote bien avec le style méridional omniprésent à Toulouse. Les archives ont été conservées dans ce joli donjon jusqu'en 1946. L'Office de Tourisme, lui, y est installé depuis 1948 !

Le donjon, état au début du XIXe siècle, dessin d'Adrien Dauzats lithographié par Godefroy Engelmann (1833).
Le donjon, état au début du XIXe siècle, dessin d'Adrien Dauzats lithographié par Godefroy Engelmann (1833). - Dauzats (drawing)Engelmann (lithograph)Morburre (scanner), CC BY-SA 3.0 , via Wikimedia Commons
L'intérieur du Petit Consistoire, lithographie de 1833.
L'intérieur du Petit Consistoire, lithographie de 1833. - Archives municipales de Toulouse, Public domain, via Wikimedia Commons

La Basilique Saint-Sernin

Cette basilique a été érigée en l'honneur de Saint Saturnin (devenu Sarnin avec le temps et Sernin en occitan), premier évêque de la Tolosa antique et également l'un des premiers martyrs chrétiens, très largement vénéré. En 250, après avoir refusé de se sacrifier au nom de Jupiter, il aurait été attaché à un taureau puis trainé du Capitolium (qui se trouvait sur l'actuelle Place Esquirol) jusqu'à l'endroit où se trouve aujourd'hui l'église Notre-Dame du Taur.

Dès le 4ème siècle, un premier sanctuaire dédié à Saturnin aurait été construit autour de la tombe de ce dernier et à l'actuel emplacement de la basilique. La construction de l'édifice roman que l'on connaît aujourd'hui s'est déroulée, elle, entre le 11ème et le 13ème siècle. En 1258, le sarcophage du martyr est passé de la crypte à l'abside afin de pouvoir être vu de tous les pèlerins qui faisaient le déplacement. La basilique et ses chanoines ont eu une influence très importante sur la croissance et l'organisation de la ville ainsi que sur le rayonnement des arts au niveau local.

Le cloître et la majorité des bâtiments abbatiaux ont été détruits entre 1804 et 1808. La basilique, grandiose et remarquable, trône aujourd'hui seule au milieu de sa place éponyme. Elle est, après le Vatican, la seconde église au monde qui abrite le plus de reliques (128 !) et la première de France. Dès 1849, elle est inscrite aux monuments historiques. En 1998, elle est inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.

Pour moi, c'est clairement le plus bel édifice religieux de Toulouse, même si cette photo "vintage" ne lui rend pas du tout justice. Elle aussi je l'ai prise en photo sous bien des angles et je sais que la prochaine fois que je passerai devant je ne résisterai pas à l'envie de le refaire ! Et pour lui rendre un peu justice, j'ajoute quelques photos prises avec le téléphone ou l'appareil photo !

Le Couvent des Jacobins

Imposant édifice religieux fondé en 1230, le Couvent des Jacobins est un joyau de l'art gothique languedocien. Il a été construit en plusieurs étapes, comme beaucoup d'édifices religieux français. En plus d'avoir abrité l'ordre dominicain, le couvent des Jacobins abrite depuis 1369 les reliques de Saint-Thomas d'Aquin et a accueilli pendant plusieurs siècles l'ancienne université de Toulouse (fondée en 1229).

Les dimensions de l'église donnent le vertige : 80 mètres de long sur 20 mètres de large et un "palmier" (chef-d'œuvre unique au monde) qui culmine à 28 mètres de hauteur. Les détails peints sur les murs, les vitraux et les jeux de lumières provoqués par les seconds sur les premiers offrent un spectacle magnifique ! Dans le prolongement de l'église, la visite du cloître et du reste de "l'ensemble conventuel" est un véritable régal pour les yeux.

Le quartier des Jacobins de Toulouse, vu par Mazzoli (1865). Bulletin municipal de la ville de Toulouse, juillet 1936 - bibliothèque municipale de Toulouse, numérisation ark:/66691/FRAC31555_PO1_1936-07

Et si vous n'avez encore jamais vu le Couvent des Jacobins de nuit, je vous conseille très fortement de le faire grâce au Festival Piano Aux Jacobins ou à une autre occasion !

Un cliché toulousain plein d'Histoire(s)

Capturé depuis le Quai de la Daurade, en surplomb de la Promenade Henri-Martin, cet angle de vue sur Toulouse est sûrement un de ceux dont je possède le plus grand nombre d'exemplaires : avec un grand ciel bleu, sous les nuages, la nuit, au coucher du soleil, etc. C'est une vision dont je ne me lasse pas, parce que les couleurs du ciel comme celles de la Garonne apportent toujours une petite différence.

Sur la gauche, on voit un morceau de l'Hôtel-Dieu Saint-Jacques, ancien établissement hospitalier, dont la construction a débuté au 12ème siècle. Suite à de nombreux agrandissements, au 17ème et au 18ème siècle, il devient le plus grand hôpital toulousain. Les derniers malades ont quitté l'édifice en 1987. C'est à la même période que le bâtiment est inscrit puis classé Monument Historique.

On voit ensuite le Port Viguerie, port fluvial du quartier Saint-Cyprien. Jusqu'au début du 20ème siècle, il était également utilisé dans le cadre de l'exploitation du sable de la Garonne. Longeant le fleuve justement, il y a ensuite le Quai de l'Exil Républicain espagnol, baptisé ainsi en 2009 en hommage aux exilés de la guerre d'Espagne entre 1936 et 1939. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, 10% de la population de Toulouse était d'origine espagnole.

Autour des pêcheur de sable - Henri Rachou

Derrière lui, se dresse l'emblématique Dôme de l'hôpital de La Grave. Erigé en 1190 sur la grève de la Garonne (ce qui lui aurait possiblement donné son nom), cet édifice a accueilli, suivant l'époque, les malades de la peste ; les mendiants, les prostituées et les aliénés ; de (simples) malades ; les nouveaux nés ; des étudiants du domaine médical... Depuis 2022, la Chapelle Saint-Joseph de la Grave est ouverte au public, son Histoire vous tend les bras !

Et enfin, rejoignant l'autre rive de Toulouse : le Pont Saint-Pierre, construit en 1987. Une première version avait été construite entre 1849 et 1852. Endommagé en 1875, lors de la grande inondation de Toulouse, il devient piéton. En 1927, la municipalité reconstruit le tablier et opte pour un pont suspendu, ouvert aux voitures, qui causeront sa perte. Seuls vestiges de la deuxième édition du pont : les lampadaires, qui ornent désormais le Pont des Catalans.

Port de la Daurade sur la Garonne. Années 1910-1920. Vue perspective du fleuve prise de puis le quai de la Daurade. Au premier plan : étendoirs à linge avec draps, bateau lavoir, établissement de bains ; au second : le fleuve ; au fond : une partie de l'Hôtel-Dieu, le Port-Viguerie, le dôme de l'hôpital de La Grave, le pont Saint-Pierre, Ville de Toulouse, Archives municipales, 5Fi26.

La Fontaine de la Trinité

Située sur la place du même nom, cette fontaine a été réalisée d'après les plans de l'architecte toulousain Urbain Vitry. En 1825, il participe à un concours organisé par la ville pour la mise place de fontaines ornementales. Son projet est retenu, c'est sa première œuvre et le début d'une longue série dans la ville rose puisqu'il est responsable de l'aménagement de plusieurs places et de nombreuses rues.

Pierres de Carcassonne et marbre blanc de Saint-Béat (31) ont été utilisés pour la construction de cette fontaine qui a eu lieu entre 1824 et 1827. Les sirènes ailées qui soutiennent la coupe centrale ont été fondues à Paris par Louis-Alexandre Romagnesi. Des bornes fontaines permettaient aux habitants de se servir en eau potable. Depuis 1946, la Fontaine de la Trinité est inscrite au titre des Monuments Historiques.

Par Charles Mercereau — Ce fichier a été fourni à Wikimedia Commons par la Bibliothèque municipale de Toulouse dans le cadre d'un projet de coopération avec Wikimédia France., Domaine public, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26052653

Le Couvent des Augustins et son clocher

Le Couvent des Augustins n'a pas toujours été en plein cœur de Toulouse comme c'est le cas aujourd'hui. L'ordre des Ermites de saint-Augustin s'était initialement installé, en 1268, près de la porte Matabiau. En 1309, il demande l'autorisation au Pape de s'installer à l'intérieur de la ville. Les travaux débutent dès 1310, sous la direction de Jean de Lobres, maître d’œuvre de la cathédrale Saint-Étienne, et ont connu de nombreux soubresauts !

L'église est bâtie dans le style gothique méridional avec un clocher en forme de campanile. Sa construction a été ralentie par le grand incendie de 1463. Le cloître est achevé seulement à la fin du 14ème siècle, il accueille alors près de 200 moines. En 1550, la foudre tombe sur le clocher de l'église, détruisant la flèche et les étages supérieurs. Ils ne seront jamais reconstruits, faute de moyen, la version que l'on connaît du clocher est donc une version "réparée" !

Par un décret du 2 novembre 1789, le couvent des Augustins est devenu bien national. La création d'un "Muséum du Midi de la République" est décidée par le Conseil du département de Haute-Garonne dès le 12 décembre 1793. Le musée ouvre solennellement ses portes dans l'ancien couvent des Augustins le 27 août 1795. C'est un des plus anciens musées de France. Et pour voir à quoi il ressemblait en 1896, c'est : ici !

Au passage, le plus ancien musée de France est celui de Besançon, créé en 1694, soit 99 ans avant le Louvre dont les portes ont ouvert le 10 août 1793.

La verrière Art Déco du Grand Hôtel

Il y a un bâtiment au cœur de la rue de Metz qui a eu plusieurs vies, et cache bien des merveilles... Construit en 1900 par l'architecte Barthélémy Guitard, le Grand Hôtel proposait 150 chambres luxueuses , une cinquantaine de salons et de cabinets privés, une salle de bal ainsi qu'un restaurant. Fier représentant de l'architecture haussmannienne, cet édifice possède également des éléments de décoration Art Nouveau, Art Déco, etc.

Il a fait l'objet de plusieurs rénovations dont la plus récente avait vu l'installation de l'enseigne Truffaut au rez-de-chaussée (qui est désormais fermée). Et c'est grâce à l'ouverture de cette enseigne, en 2018, que je suis rentrée pour la première fois dans ce bâtiment. J'y ai découvert cette fabuleuse verrière aux motifs floraux et je ne me lassais pas d'aller admirer, ou la faire admirer, dès que l'occasion s'en présentait.

Pour voir des photos du Grand Hôtel vraiment vintages, je vous conseille (fortement) de consulter le site Geneanet.

La Rue Boulbonne

Cette rue fait le lien entre les quartiers Saint-Etienne et Saint-Georges de Toulouse. Bordées d'immeubles du style éclectique toulousain, elle n'a que très peu changé d'apparence depuis la fin du 18ème siècle. La Fontaine Boulbonne, qui représente la Garonne offrant l'électricité à la Ville Rose, a été érigée en 1984 lors d'un programme d'embellissement de la rue. Depuis 1986, cette rue est incluse dans le site patrimonial remarquable de Toulouse.

La rue doit son nom à la maison collégiale qui se trouvait à l'actuel numéro 21 et abritait des religieux de l'abbaye de Boulbonne (établie à Mazères, dans l'Ariège). A noter que seule la partie sud (celle que j'ai prise en photo) portait ce nom au Moyen-Âge. La partie nord s'appelait rue du Puits-des-Quatre-Faces ou du Puits-des-Quatre-Carres, du nom du puits qui se trouvait à l'emplacement de l'actuelle Fontaine Boulbonne.

Rue Boulbonne

L'Hôtel de Pins / Hôtel Antonin

Quand on est devant le 46 de la rue du Languedoc, on est face à un bâtiment à l'histoire peu commune... ou plutôt devrais-je dire deux bâtiments à l'histoire commune ?! Je vous avoue que je ne sais plus !

La partie avec galeries et arcades, fait partie d'un ancien hôtel particulier en partie détruit lors du percement de la rue du Languedoc, l'Hôtel de Pins. Construit au 16ème siècle, c'était un des premiers hôtels de style Renaissance de la ville. L'humaniste Jean de Pins, influencé par l'architecture d'Italie où il a passé 7 ans, fait construire la bâtisse avec arcades et galeries. Rachetée ensuite par Jean de Nolet, elle est agrandie et transformée par Nicolas Bachelier.

Le reste du bâtiment s'appelle l'Hôtel Antonin (du nom de son propriétaire). Construit en 1903 par l'architecte Joseph Thillet, l'édifice a été érigé à la place de l'Hôtel de Pins tout en conservant une partie (les arcades) de celui-ci. Les arcades de Jean de Pins reposent sur celles ajoutées par Jean de Nolet et forment, ainsi fusionnées, une double galerie. Certains médaillons de l'Hôtel de Pins ornent également l'Hôtel Antonin et lui apportent quelques touches Renaissance que vous ne pourrez plus ignorer maintenant que vous le savez !

Une autre partie des galeries de Jean de Nolet a été reconstruite à quelques mètres de là, à l'Hôtel Thomas de Montval (rue Croix-Baragnon).

Hôtel de Pins / Hôtel Antonin (46 Rue du Languedoc)
Toulouse. Hôtel de Pins. Cour intérieure. Démolition - Fonds Trutat - 51Fi254
La cour intérieure de l'Hôtel de Pins avant sa destruction - Eugène Trutat, Public domain, via Wikimedia Commons

La Rue des Filatiers

Orientée nord-sud et faisant le lien entre la Place des Carmes et la Place de la Trinité, la rue des Filatiers correspond au tracé de l'ancien cardo maximus (la rue principale) de Tolosa. Axe majeur également au Moyen-Âge, elle accueillait de nombreux tisserands et fileurs de lin (filatièrs en occitan), d'où son nom (même si elle s'est un temps appelée rue des Orfèvres, en raison de la forte présence de ceux-ci à une autre époque).

Depuis 1975, la rue est piétonne... et c'est une bonne chose car cela permet de lever la tête pour observer toutes les richesses médiévales ou d'autres époques qu'elle a à offrir. Au n°7 et au n°9 on peut voir deux immeubles à la façade en pan de bois du 16ème siècle. Le numéro 9 était la maison du maître orfèvre Élie Géraud avec des fenêtres remarquables au décor à "l'antique".

De la droite vers la gauche : le n°9, puis le n°7, etc.
Bâtiment au croisement de la rue des Filatiers et de la rue Maletache . Je n'ai pas réussi à trouver l'histoire de ce bâtiment et pourtant avec ces décors au-dessus des fenêtres je me dis qu'il y a peut-être plus à en dire que "il est beau" (même s'il l'est, assurément) !

L'Hôtel du Vieux-Raisin

L'hôtel du Vieux-Raisin est également appelé aussi "hôtel Maynier" et "hôtel de Lasbordes". Situé à la limite du quartier des Carmes et de celui de Saint-Etienne, il doit son nom à une taverne de la rue dont l'enseigne contenait une grappe de raisin. Il s'agit d'un hôtel particulier, de style Renaissance, construit au 16ème siècle par un professeur de droit, Béringuier Maynier.

À cette époque, il était d'usage de construire la tour la plus haute possible pour mettre en avant sa richesse. Mais ce n'était pas le seul moyen pour démontrer sa fortune : fenêtres et décors servaient également cette cause. Et l'Hôtel du Vieux-Raisin est un bel exemple de cela avec des ouvertures encadrées par des pilastres et d'autres éléments. Il a fait l'objet d'un classement aux Monuments Historiques dès 1889, avant d'être inscrit au registre des MH en 1925.

L'Hôtel du Vieux Raisin
Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France. Languedoc. Volume 1. P. 28. bis. Hôtel Maynier, porte d'entrée, dans la cour. Toulouse. - FRAC31555 38Fi10 43 - Archives municipales de Toulouse, Public domain, via Wikimedia Commons

La Rue du Languedoc et le début de la Grand rue Nazareth

Déjà existante au Moyen-Âge, la grand-rue Nazareth a eu plusieurs noms. Elle s'est notamment appelée rue Bernard-d'Albigès, la Souque-d'Albigès ou encore rue Saint-Barthélémy. C'était une des rues les plus importantes de la ville, qui reliait la place du Salin à la place Saint-Étienne. Dès le 16ème siècle, de riches familles toulousaines s'installent dans la rue et font construire des hôtels particuliers. Certains ont été détruits ou partiellement modifiés mais on peut encore observer des vestiges des anciennes bâtisses.

Percée entre 1899 et 1904, la rue du Languedoc est venue compléter l'axe nord-sud de type haussmannien, débuté avec la rue d'Alsace-Lorraine dès 1870. Au croisement de la Grand rue Nazareth et de la Rue du Languedoc, se dresse depuis 1908 l'immeuble Labit (celui avec une coupole). Construit par Étienne Gogé pour le riche entrepreneur et négociant Antoine Labit (père de Georges Labit, fondateur du musée du même nom), cet immeuble a une architecture éclectique avec un décor influencé par l'Art nouveau.

La partie de la rue qui prolonge la Grand-rue Nazareth vers la Place du Salin, est bordés d'édifices anciens. Au numéro 16 par exemple, il y a l'Hôtel de Rabaudy de Paucy, dit maison de la Belle Paule, construit au 17ème siècle pour Nicolas de Paucy, conseiller au Parlement. Au numéro 10, se dresse l'Hôtel du capitoul Raymond D'Aymeric, construit au 17ème siècle et largement remanié au siècle suivant. Là encore, comme dans la Grand-Rue Nazareth, en observant bien les façades, on peut voir des traces du passé de ces bâtiments ...

Ce qui est aujourd'hui la Rue du Languedoc, vu depuis la Place du Salin Musée du vieux Toulouse - La Trésorerie du Salin - Jules Georges Savent Inv.80 1397

Sur la Place du Salin

Ce bâtiment, immortalisé sur ma pellicule pour la beauté de ses balcons en fer forgé, de ses lambrequins aux fenêtres et autres jolis parement architecturaux, a été construit par un certain monsieur Saurel, autour de 1874. Le monogramme "S" faisant référence au nom de Saurel est visible sur la clé qui couronne la porte d'entrée, au 23 de la place du Salin. Il a été restauré il y a quelques années (pour le voir avant sa restauration c'est : ici).

La place sur laquelle il se trouve a une histoire bien plus ancienne. Dès le 12ème siècle, elle accueillait le salin royal (d'où son nom). C'était une place importante de la ville sur laquelle se trouvait également la trésorerie royale (qui accueille désormais le temple protestant du Salin). Elle se trouvait à proximité du château Narbonnais et donc de la porte sud de la ville. Pendant la Révolution, elle s'est brièvement appelée "place de la Carmagnole".

Un marché à l'ail y est organisé tous les 24 août depuis 1896. De nos jours, des marchés de petits producteurs s'y déroulent plusieurs jours par semaine. Depuis 1931, elle est coiffée d'un kiosque hexagonal Art Déco.

Eugène Trutat Cette photographie provient du fonds Eugène Trutat, conservé par le muséum de Toulouse. Elle a été placée sur Wikimedia Commons dans le cadre d’un partenariat avec Wikimédia France.

L'Hôtel de Marsac

Toulouse possède beaucoup de trésors qui ne sont pas si évidents à voir... Incrustés ou peints sur les murs... Ou cachés dans les cours intérieures de certains bâtiments anciens... Dans ce dernier cas, si vous avez de la chance, vous passerez devant les portes cochères au moment où celles-ci sont ouvertes et pourraient alors en observer quelques-uns, dans le respect des lieux et de ses habitants bien entendu.

En surfant sur cet outil fabuleux qu'est parfois internet, j'ai ainsi découvert que ce que j'ai pris en photo dans la cour de l'ancien hôtel particulier de Marsac serait une fenêtre gothique qui proviendrait de l'abside de l'église du Couvent des Grands-Carmes. Fondé en 1264, ce couvent a été désaffecté pendant la Révolution et détruit en 1808. S'y sont ensuite succédés : une grande place, un magnifique marché et le parking-marché que l'on côtoie aujourd'hui.

Par Pomian — Démolition du couvent des Carmes à Toulouse - Musée Paul-Dupuy, Domaine public

Bonus : Astérion en mode vintage !

Pour en savoir plus sur son histoire à lui, je vous invite à lire mon article Le Gardien du Temple, quatre jours de féerie à Toulouse.

Et si vous voulez voir ces lieux en vrai lors de votre prochaine balade à Toulouse, voici une carte pour vous aider :

Les autres articles du rendez-vous #EnFranceAussi

Ce mois-ci le rendez-vous, créé par Sylvie du blog Le Coin des Voyageurs, vous emmène donc "Sur les traces de ...". Un thème porté par Sabrina, du blog Tu Paris Combien.
Pour découvrir les autres articles et les interprétations de chacun, je vous invite à consulter cette carte :

10 Replies to “Sur les traces du passé : bribes d’Histoire(s) et vues vintages à Toulouse – #EnFranceAussi”

  1. quel bel article! La mise en valeur du Couvent des Jacobins de nuit a l’air superbe !

    1. Merci ! Oui c’est vraiment magnifique le Couvent de nuit, ça donne une toute autre dimension ..

  2. Très sympa cette visite de Toulouse en mode vintage couplé à toutes tes recherches historiques. J’aime ce genre d’articles en photos argentiques. Un retour à une vision de la photo plus simple, plus réfléchi et authentique.

    1. Merci beaucoup Estelle. J’ai passé pas mal de temps dessus alors ça fait plaisir de voir qu’il est apprécié !

  3. Superbe tour historique dans Toulouse ! La Basilique Saint-Sernin reste un bâtiment à part, je le trouve magnifique, et cette tour, c’est la cerise sur le gâteau ! 🙂

    1. Merci Anne !
      Oui je suis d’accord avec toi, la Basilique est vraiment exceptionnelle !

  4. C’est une super idée d’avoir associé les photos d’un autre temps et tes photos d’un autre temps aussi on peut dire. Je n’ai visité qu’une seule fois Toulouse et encore très rapidement car je n’y étais pas pour visiter mais pour une compétition de patinage de ma fille :). Autant dire qu’il faudrait qu’un jour je retourne à Toulouse pour découvrir toutes ces traces du passé.

    1. Merci beaucoup Sophie 🙂
      Oui il faut que tu reviennes à Toulouse ! C’est vraiment une belle ville, je ne me lasse pas de m’y balader alors que je commence à bien la connaître, mais il y a toujours des jolies façades à admirer, des petits éléments cachés à découvrir … Et si un jour tu viens n’hésites pas à me faire signe, je te servirai de pseudo-guide avec plaisir si tu en as envie !

  5. Quel fabuleux travail de recherches !
    Bravo Pauline. Ton article sur cette ville que j’aime beaucoup est sublime.
    « Sur les traces du passé.. » quelle belle idée. Moi qui adore aussi fouiner dans le passé des lieux que je visite ou que j’habite. J’ai été gâtée. 😉

  6. Bravo Pauline pour toutes ces recherches. J’adore la photo de la place des Salins, quelle ambiance ! On en finit jamais de découvrir sa ville

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