Trois jours sur les routes de Sicile : Che bella Taormina !

Quatrième jour de notre voyage en Sicile. Celui du départ pour un petit road trip de trois jours sur la côte Est et un petit bout du Sud de la Sicile. L'objectif de cette première journée de balade motorisée : Taormina, ville de l'est de l'île qui compte un peu plus de 11 000 habitants et abrite de bien jolies choses dont la plus connue est, sans conteste, son amphithéâtre avec l'Etna en arrière-plan (quand il n'est pas caché dans les nuages bien sûr !).

La voiture et la Sicile : location et conduite

Jour 4 donc, nous prenons à nouveau la direction du Borgo Vecchio, mais cette fois-ci, contrairement à la veille, c'est voulu puisque l'agence de location où nous devons récupérer notre voiture s'y trouve.

La location de voiture en Sicile

Louer une voiture en Sicile a été un petit peu plus complexe qu'à d'autres endroits. En préparant notre voyage, on avait lu toutes sortes d'anecdotes pas très réjouissantes sur Internet et comme on ne tenait pas spécialement à se faire escroquer à notre tour (bizarrement ...), on ne savait pas trop vers quelle agence se tourner.

Finalement, on s'est dit qu'on allait jouer la sécurité, quitte à payer un peu plus cher, on a loué notre voiture chez une compagnie internationale plutôt que locale (et donc totalement inconnue pour nous), Budget en l’occurrence, et nous n'avons eu aucun problème ni mauvaises surprises !

La conduite (sportive) en Sicile

A Palerme

Une fois la voiture récupérée, ça a été le début d'une toute autre aventure, pour le moins intense : la traversée de Palerme pour rejoindre la route vers Taormina. La conduite dans cette ville, et plus globalement en Sicile est quelque chose d'assez stressant et sportif, j'en garde un souvenir particulièrement hasardeux, klaxonnant et transpirant (alors que ce n'était même pas moi derrière le volant !).

Les voies de circulation sont à peu près aussi nombreuses que les voitures qui circulent, chacun prend l'espace qu'il souhaite, qui lui plait ou qu'il pense mériter peut-être ; chaque intersection est l'occasion d'expérimenter ses réflexes et son courage ; l'usage du klaxon n'est là-bas absolument pas interdit et il semble même totalement obligatoire !

Lucie, auteure du blog L'Occhio di Lucie a écrit un article à propos de la conduite à Rome qui peut facilement être transposé à la conduite à Palerme, je vous conseille donc de le lire si vous préparez un voyage en Sicile. Mais rassurez-vous, même si la conduite en Sicile, et en Palerme en particulier, m'a parue très anarchique, nous n'avons vu / subi / causé aucun accident, c'est donc faisable même sans être un pilote professionnel !

Ailleurs sur l'île

Une fois sortis de Palerme, on découvre que la Sicile est très certainement l'endroit sur Terre qui compte le plus de tunnels au kilomètre carré ! Toutes les collines, montagnes et autres promontoires, petits ou grands, sont percés par les routes, jamais contournés ou gravis. L'avantage c'est que les routes sont relativement droites, mais le gros inconvénient c'est que certains panoramas montagneux sont tristement défigurés par les bouches béantes de ces tunnels.

Ce jour-là, le ciel est gris et les prévisions météo commencent à être catastrophiques, pluie et orages sont annoncés avec de plus en plus d'insistance, quelle que soit l'appli météo que l'on regarde. On décide donc de faire un arrêt pour acheter des K-Way puisque, confiants sur le fait qu'il ferait beau en Sicile début septembre (un mois où il y a habituellement, en moyenne, seulement quatre jours de pluie), on n'en avait pas pris dans nos valises (et pour votre information, il y a donc un Decathlon à Milazzo).

En arrivant au niveau de Messine, malgré le ciel grisâtre, les côtes italiennes se dessinent et se distinguent assez nettement, de l'autre côté de la mer, offrant de nouvelles perspectives de découvertes, de nouvelles envies de voyage ... Mais pour l'heure, nous continuons notre progression vers le Sud.

Taormina è magnifica !

Perchée sur son Mont Tauro, avançant légèrement dans la Mer Ionienne qu'elle surplombe, la belle Taormina nous apparaît finalement. Ici aussi le ciel est désespérément gris, quelques fines gouttes commencent d'ailleurs à tomber sur le pare-brise de la voiture alors que nous cherchons, désespérément nous aussi, à nous garer.

Et ça se sait !

Avec ses monuments antiques et son centre médiéval, la réputation et l'attrait de Taormina ne sont plus à faire et les gens de passage pour découvrir ses richesses, italiens ou non, sont nombreux. Les bords de la Via Nazionale sont surchargés de voitures, on fait donc plusieurs allers et retours pour trouver une place, on cherche en vain un parking que nous indique le GPS ...

Après plusieurs minutes, qui nous semblent une éternité, on trouve, finalement et heureusement, une place, à peu près pile au moment où l'agacement, et la perspective d'abandonner notre idée de baignade aux pieds d'Isola Bella, commençaient à prendre trop de place dans la voiture. Ouf !

Notre première étape : la plage d'Isola Bella

Équipés de notre matériel de snorkeling (et de baignade !), on rejoint les escaliers qui mènent à la plage en contrebas, encore un peu contrariés par cette arrivée, mais bien décidés à profiter de cette magnifique plage qui s'étend devant nous. Même avec le ciel de plus en plus gris (très foncé, voire qui vire au noir) en arrière-plan, le paysage d'Isola Bella qui se dresse dans la mer est sensationnel.

Luxuriante et mystérieuse, l'Île Belle, aussi surnommée la Perle de la Méditerranée, est une toute petite île reliée à la terre par une langue de sable, visible ou non en fonction des marées. Elle fait partie d'une zone éponyme classée réserve naturelle.

Maquis méditerranéen et plantes indigènes recouvrent les rochers blancs de ce petit îlot, où seule une villa a été construite en 1954. Isola Bella c'est une vision de paradis, un bout de terre qui semble sauvage et préservé, un petit promontoire avec vue sur une mer transparente et magnifique où l'on aimerait passer des heures, voire y vivre.

Baignade sous la pluie et confort-food italienne

Le ciel menaçant a vidé la plage et les terrasses des restaurants alentours se remplissent au fur et à mesure que la mer, elle aussi, se vide de ses baigneurs. Impressionnés par la clarté de l'eau, on décide de se baigner malgré les gouttes, un peu moins fines, qui continuent de tomber, on emballe nos affaire dans nos k-way tous neufs (cet arrêt à Milazzo, quelle bonne idée !) et on plonge sans attendre une minute de plus !

Le spectacle dans l'eau est saisissant, l'eau est vraiment transparente, le fond est couvert de galets multicolores, les poissons sont nombreux, variés et curieux, on peut donc les observer sans problème. Mais dehors, l'orage commence à gronder et la pluie tombe de plus en plus fort sur notre dos, nous obligeant finalement, après quelques minutes de résistance motivée par l'émerveillement, à sortir de l'eau nous aussi. Et c'est finalement un véritable déluge, zébré d'éclairs impressionnants, qui s'abat sur le joli paysage d'Isola Bella.

Avec la pluie, les restaurants de plage sont définitivement bondés, on doit attendre de longues minutes que l'averse se calme pour partir à la recherche d'un restaurant pouvant nous accueillir. Trempés et gelés, on trouve finalement refuge au Ristorante Castelluccio et un peu de réconfort avec leurs excellentes pizze. On reprend ensuite la voiture pour rejoindre notre logement, le B&B Blue Sky House, quelques mètres plus haut sur le Mont Tauro et plus proche du centre de la ville.

En route pour le Teatro Greco

La pluie s'est arrêtée, notre découverte de la ville peut donc commencer. La Porta Messina à peine franchie, on découvre l'effervescence de la ville. Les rues sont bruyantes, colorées et remplies. Les bâtiments qui les bordent sont pleins de charme, parsemés de pots de fleurs qui apportent une touche de gaieté et de couleur, contrastant avec le ciel toujours gris. Rapidement, on emprunte la Via Teatro Greco pour aller le visiter (le Teatro Greco) tant que le ciel tient bon.

Chiesa Anglicana "St. George"

La Porta Messina vue de l'intérieur de la ville
Chiesa di Santa Caterina
Le Palazzo Corvaja

Notre deuxième étape : le Teatro Greco de Taormina

Comme toujours dans ce genre de lieu, j'aimerais que les vieilles pierres puissent parler pour raconter leur(s) histoire(s) ; rapporter les scènes du quotidien, et les scènes jouées, qu'elles ont vues ; dévoiler les secrets de construction de l'édifice et bien d'autres choses ...

Alors, comme toujours, entre les vielles pierres du Théâtre de Taormina, sur ses marches, mon esprit vagabonde, fasciné, il imagine, comble les failles dans la pierre et dans l'histoire avec ses propres images, ses propres récits. Le sommet de l'Etna étant pris dans les nuages, il nous faudra, lui aussi l'imaginer, malheureusement.

Un peu d'histoire à propos du Teatro Greco

Construit à partir du 3e siècle avant JC par les grecs, le théâtre de Taormina est ensuite transformé par les Romains au 2e siècle pour pouvoir accueillir les jeux d'amphithéâtres. Deuxième plus grand théâtre de Sicile après celui de Syracuse, il mesure 109 mètres de diamètre, pouvait accueillir 5400 personnes et possède une acoustique exceptionelle.

Creusé dans la roche, il ressemble à une coquille géante face à la mer et à l'Etna. Malgré une faille ouvrant sur le magnifique paysage de la ville et de la mer en contrebas, le mur de fond de la scène est particulièrement bien conservé. Ce théâtre antique greco-romain est aujourd'hui l'emblème de la ville, où se déroule chaque été de nombreuses manifestations culturelles, et un des emblèmes de Sicile.

Ce lieu est magnifique, de par l'état de conservation de cet édifice millénaire mais aussi pour son emplacement de choix dans la ville. La vue qu'offre le site sur les environs comme sur la ville est magnifique et chaque "étage" du théâtre ouvre une nouvelle perspective sur ce paysage, un nouveau point de vue.

Evidemment, on aurait sûrement encore plus apprécié d'être à cet endroit-là si la vue avait totalement été dégagée, notamment sur l'Etna, puisqu'on s'était quand même fait toute une fête d'apercevoir enfin ce volcan, lui aussi emblématique de l'île.

Le cœur médiéval de Taormina

Le ciel fini par se dégager et on poursuit notre découverte de Taormina dans ses rues, certaines agitées, comme le Corso Umberto, et d'autres plus calmes, voire désertes. A l'est du Corso Umberto, les rues sont petites, parfois en escaliers, elles sont bordées de jolis bâtiments, de petites boutiques colorées, de fenêtres fleuries. La balade entre les murs de cette ville est agréable, pour l'esprit comme pour les yeux.

Encore un peu d'histoire :

A l'image du reste de la Sicile, la ville de Taormina a été envahie de nombreuses fois et par différentes civilisations au cours des siècles. La fondation de la ville est très ancienne et les récits qui l'évoquent sont donc parfois contradictoire.

La ville de Taormina aurait d'abord été un camp provisoire des Sicules en -396, avant d'être fortifiée et nommée Tauromenium. La ville, comme le reste de l'île, sera successivement sous l'emprise des romains, des byzantins puis des normands. On observe d'ailleurs aujourd'hui encore ces différentes influences dans les bâtiments de la ville.

Sur la gauche les vestiges de la Naumachia, vaste édifice thermal dont il ne reste plus aujourd'hui que ce mur

C'est dans une de ces petites rues presque désertes, sur la Via Bagnoli Croci que l'on a goûté un des meilleurs vins que nous ayons jamais bu, à l'Al Grappolo D'Uva. Je ne me souviens malheureusement pas de son nom, je me souviens simplement qu'il est produit à partir de vignes poussant les flancs de l'Etna et de cette impression de boire le vin rouge parfait, ni trop corsé, ni trop doux, juste parfaitement équilibré.

Taormina, belle de nuit

Une fois la nuit tombée, on a découvert un autre visage de Taormina, un peu plus calme, plus feutré, où les bâtiments historiques mis en lumière resplendissaient encore davantage. Les détails d'architecture de ces magnifiques édifices étaient plus visibles, les mélanges de matière pour les construire également, comme si la nuit permettait de voir mieux, de révéler des trésors cachés au grand jour.

La Chiesa di San Pancrazio et la place Piazza San Pancrazio

Chiesa di San Pancrazio

Vestiges sur la Piazza San Pancrazio

La Chiesa di Santa Caterina

L'intérieur de la Chiesa di Santa Caterina

Le Palazzo Corvaja

Le Teatro Odeon

Petit théâtre romain construit au 2e siècle sur les fondation d'un temple grec. Il pouvait accueillir 200 personnes.

Ô portes de Taormina !

La Porta Messina vue de l'extérieur

Malgré la mauvaise météo et les autres petites contrariétés de cette journée à Taormina, j'en garde un excellent souvenir et c'est un de mes lieux préférés en Sicile. La plage d'Isola Bella fait partie de nos plus beaux souvenirs de fond marin, le théâtre antique m'a émerveillée, tout comme la vue comme on a de là-haut (et je n'ose même pas imaginer mon émerveillement si le ciel avait été dégagé !), le petit bout de la ville que nous avons pu explorer lui m'a totalement charmée et donner envie d'y retourner.

Comme quoi parfois, même une météo catastrophique ne parvient pas à totalement rompre le charme d'un lieu ... et ça se vérifiera d'ailleurs encore (beaucoup) dans la suite du séjour lors des étapes à Syracuse puis Agrigente !

Quelques informations pratiques à propos de Taormina :

  • Le trajet depuis Palerme en voiture représente 264 kilomètres (273 en passant par Milazzo et son Decathlon fournisseur de K-way !). A noter que le trajet peut aussi en train (avec arrivée à Giardini-Naxos, à 3 kilomètres, et liaison en bus jusqu'à Taormina) ou en bus.
  • Le Bed and Breakfast Blue Sky House se trouve justement en face du terminal des bus sur la Via Luigi Pirandello. C'est un endroit agréable, les chambres sont propres et fonctionnelles, le petit déjeuner copieux et l'hôte très sympathique. Il est possible de garer sa voiture dans un parking fermé.
  • Pour manger une pizza : le Ristorante Castelluccio sur la Via nazionale.
  • Pour déguster une glace : le Licchio's Bar sur le Largo Santa Caterina.
  • Pour boire un excellent verre de vin : le bar à vins Al Grappolo D'uva sur le Vico di Via Bagnoli Croce

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Je suis curieuse, connaissez-vous Taormina ? Etes-vous, vous aussi tombé sous son charme ? Avez-vous déjà vécu une journée pourrie sur le plan météo mais inoubliable et heureuse malgré tout ?

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Épinglez-moi !

4 Replies to “Trois jours sur les routes de Sicile : Che bella Taormina !”

  1. Même sous la pluie c’est magnifique!

    1. Je crois que c’est là toute la force de Taormina : même sous la grisaille elle est magnifique et envoûtante ! Je t’avoue que j’ai bien envie d’y retourner, mais avec le soleil cette fois ^^

  2. ça donne vraiment envie de prendre un avion pour la Sicile … et surtout ça me rappelle à quel point l’Italie est inspirante <3

    1. Aaaah comme je suis d’accord avec toi … Ça fait un an que j’y suis pas allée et je commence à être en manque …
      Ton idée de partir dans le sud de l’Italie en février est finalement tombée à l’eau ?

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