Road trip d’hiver au Québec : parenthèse enchantée dans la Baie-des-Chaleurs

La neige recouvre peu à peu mes réseaux sociaux et pas Toulouse, évidemment, alors je me réfugie à nouveau dans mes souvenirs enneigés ! Et c’est justement sous la neige du Parc National de Gaspésie que j’avais arrêté mon récit de notre road trip d’hiver au Québec. C’est donc là que je reprends, sur les routes bordées d’arbres blancs, en direction de l’étape suivante : la Baie-des-Chaleurs.

Une arrivée à Bonaventure sous la neige

Une fois de l’autre côté du Parc National de Gaspésie, la neige tombait toujours en gros flocons. Après avoir suivi pendant un long moment la rivière Cascapédia, nous avons finalement atteint son estuaire et ce bras du golfe du Saint-Laurent dans lequel elle se jette. Cette Baie des Chaleurs, qui en ce mois de mars semblait ne pas avoir vu de températures positives depuis un moment !

Petit point Histoire et étymologie :

Le nom de « Baie des Chaleurs » lui a été donné par Jacques Cartier qui, lorsqu'il s'y est rendu pour la première fois, a pensé que l'eau était chaude en raison de la brume qui la recouvrait. Les Micmacs qui habitaient sur ce territoire appelaient, eux, la baie Mowebaktabaak, ce qui signifie "grande baie".

Le long de la route qui nous menait désormais à Bonaventure, premier arrêt de cette nouvelle étape du voyage, on apercevait parfois une longue étendue blanche. Les eaux de la Baie des Chaleurs, partiellement ou totalement emprisonnées dans la glace, étaient recouvertes de neige. Le paysage tout entier était enveloppé dans le coton de l’hiver, pour notre plus grand plaisir.

Visite du Musée Acadien du Québec

Nous avions choisi d’aller jusqu’à Bonaventure pour une raison simple : visiter le Musée Acadien du Québec. Depuis notre voyage en Louisiane, et en particulier notre étape à Lafayette, l’Histoire de l’Acadie me passionne. Au tout début de la planification de notre voyage, des étapes au Nouveau-Brunswick étaient d’ailleurs prévues, avant que l’on prenne pleinement conscience des distances.

Après avoir repris des forces avec une poutine chez Dixie Lee, on a donc, pour la première fois de notre voyage, pris le temps de faire une visite en intérieur ! A ce moment-là, le musée mettait en lumière le travail d’Emilie Bernard, artiste native de Carleton-sur-Mer, dans une très belle exposition intitulée « Ces lieux que nous habitons ». Une belle immersion islandaise avant de rejoindre l’Acadie.

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A travers de riches collections d'objets, de photographies, de peintures, etc. le musée Acadien du Québec propose une véritable immersion dans l'Histoire de l'Acadie. De sa fondation en 1604 au sein de la Nouvelle-France, au « Grand Dérangement » qui a conduit à l’exil des Acadiens vers la Louisiane notamment, le musée nous a appris d’autres pans de l’histoire acadienne.

Pour ce qui est de l’Acadie Québécoise, on y a notamment appris que lors de la Déportation de 1755, des centaines d'Acadiens ont réussi à échapper aux soldats anglais grâce aux Micmacs et se sont réfugiés à l'Île-du-Prince-Edouard, à Cap-Breton et au Nouveau-Brunswick. Par la suite, en août 1760, un certain nombre d'entre eux est venu s'installer à Bonaventure, terre prospère qu’ils n’ont plus quittée.

Je ne vais pas tenter de vous raconter ou de vous résumer ici cette Histoire ou même le musée, une visite sera bien plus agréable ! Et pour la commencer dès aujourd’hui, rendez-vous sur le site du musée !

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Petite balade dans les rues de Bonaventure

En sortant du musée, nous avons pris quelques minutes pour marcher un peu dans Bonaventure, en commençant par la boutique Verre et Bulles à quelques pas de là. L’atelier-boutique de Julie Frappier est une sorte de caverne d'Ali Baba colorée et chaleureuse où cohabitent créations artisanales en verre, en tissu ou en bois. Un bel endroit pour acheter des souvenirs.

Bonaventure est une petite ville qui compte un peu moins de 3000 habitants. Si son territoire est assez étendu, la partie habitée, elle, l'est beaucoup moins et se concentre principalement autour de l'Avenue Beauséjour et de l’Avenue de Port Royal. Autour d’elle, des bâtiments avec une belle architecture mais aussi pas mal de couleurs. Et un édifice qui dénote : l’église de Saint-Bonaventure.

Avec ses murs en pierres apparentes, sa toiture grise métallisée et ses grandes fenêtres aux menuiseries blanches, cette église construite en 1855 (avant elle, deux chapelles avaient été construites puis détruites en 1791 et 1797) est immanquable. Prenez le temps de l’observer et vous verrez que son joli clocher porte bien la trace des acadiens venus s’établir à Bonaventure en 1760.

De l’autre côté de l’Avenue de Port Royal, les eaux de la Baie des Chaleurs étaient totalement immobiles et recouvertes de neige, presque aussi loin que nos yeux pouvaient voir. Et même si ce n’était pas notre première étendue d’eau glacée croisée au Québec, le sentiment d’assister à un spectacle impressionnant de la nature était bien toujours là.

Comme nous étions à la recherche de cartes postales, nous avons fait un arrêt dans le joli bâtiment des Postes. Après s’être fait questionner une fois de plus sur la (folle) raison qui nous avait poussé à venir au Québec en hiver, on nous a finalement aiguillé vers … une poissonnerie (oui, oui, vous lisez bien) dans la localité voisine de Saint-Siméon-de-Bonaventure !

Un bref arrêt à Saint-Siméon-de-Bonaventure

C’est donc dans une jolie petite poissonnerie toute bleue que s’est poursuivie notre après-midi. Déjà que nous passions pour des fous auprès de beaucoup de québécois, je vous laisser imaginer la tête de la poissonnière quand elle a su qu’on ne venait que pour les cartes postales … Mais nous avons trouvé notre bonheur avec de très belles cartes des environs illustrées de photographies de locaux !

Tant que nous étions là, nous nous sommes offert un autre petit arrêt sur la route de l’Île et sa petite bande de terre qui avance dans le golfe. Tout au bout, on a pu observer la Plage de l’Île, ou du moins tenter de l’imaginer ! Plantée de parasols et d’autres constructions en bois, cette plage nous a offert, je crois, la plus belle et plus forte impression d’entrevoir un mirage au cœur de l’hiver.

Randonnée enchantée au Village Gaspésien de l'Héritage Britannique à New Richmond

Alors que la neige tombait à nouveau, nous avons rejoint le Village Gaspésien de l’Héritage Britannique, à New Richmond. Il s'agit du site d'implantation des premiers colons britanniques dans la région, à la fin du 18e siècle, qui reproduit aujourd’hui un village gaspésien d’origine britannique. Il regroupe 21 bâtiments, construits entre 1775 et 1910.

Instantanément, on est tombés sous le charme de cet endroit, où ces bâtiments empreints d’Histoire, des habitations, un magasin général, une église, une forge, un bureau de poste, des dépendances agricoles et aussi des commerces, étaient sublimés par leur manteau hivernal. Aujourd’hui encore quand j’y repense, j’ai l’impression d’avoir vécu un rêve éveillé !

Après avoir admiré les bâtisses plus adorables les unes que les autres avec leur toit de neige, la magie s’est poursuivie en direction du Phare de la Pointe Duthie. Là, parmi les feuillus bien nus et les sapins plus ou moins imposants, on a eu le sentiment de traverser une forêt de conte de fées, un lieu enchanté, dessiné avec talent et application pour offrir un spectacle merveilleux.

Tout au bout de la Pointe Duthie, on a découvert, seul au monde, le beau phare construit en 1989 à l’image de l’original, allumé en 1903. A quelques mètres de lui, on ne savait plus très bien où commençait le ciel et où se terminait la Baie des Chaleurs, dans cet univers entièrement blanc … Une impression déroutante et magique à la fois.

Le retour vers la voiture s’est fait dans la lumière, de plus en plus faible, de fin de journée. De gros flocons recouvraient nos vêtements et les arbres, déjà bien blancs. Au cœur de ce paysage féérique, je me sentais merveilleusement bien, j’avais le sentiment de vivre exactement ce dont j’avais rêvé en imaginer ce voyage, mais en mieux.

Plaisirs d(’h)iver(s), entre Carleton-sur-Mer et New Richmond

Après cette parenthèse enchantée, nous avons rejoint notre logement pour cette étape, toujours sous les flocons. La nuit était tombée, la circulation sur les routes enneigées plus dense et le trajet jusqu’à Carleton-sur-Mer a donc été assez long. Devant notre motel, aux murs à l’isolation phonique assez faible, le ballet des déneigeuses a rapidement commencé et s’est poursuivi durant toute la nuit …

Randonnée en raquettes à la Station Touristique Pin Rouge

A notre réveil, la route était totalement noire et le ciel commençait à se dégager. Une toute autre journée commençait, renforçant notre impression d’avoir rêvé celle de la veille. Depuis notre studio, on observait la glace des eaux, celles de la Rivière Cascapédia, du Golfe du Saint-Laurent ou peut être un mélange des deux, dériver lentement.

Pour cette nouvelle journée en Gaspésie, on avait décidé de se rendre à la Station Touristique Pin Rouge, à New Richmond, pour faire une randonnée en raquettes. A notre arrivée sur place, le bleu prenait de plus en plus de place dans le ciel. Derrière les emblématiques chalets colorés de la station, les pistes de ski traçaient de larges trainées blanches au milieu des arbres.

Une fois nos raquettes aux pieds, on s’est éloignés de ce paysage pour gagner la forêt qui borde la rivière Petite-Cascapédia. Le long du sentier menant à la rivière, on a admiré les grands sapins aux branches grossies et arrondies par la neige, retrouvant un peu de la magie de la veille. Les troncs de certains arbres étaient habillés de mousses et de lichens, donnant à chacun un caractère unique.

Et puis les eaux, sombres et cristallines à la fois, de la rivière Petite-Cascapédia sont apparues devant nous. Bordée de neige et pas du tout gelée, la rivière offrait à notre balade un doux murmure, de beaux reflets et un véritable spectacle de couleurs. Du bleu, du vert foncé ou plus clair, du noir, … l’eau changeait sans arrêt de teinte en fonction de la luminosité et de l’angle de vue.

A la fin de cette belle balade, le ciel était presque entièrement bleu et les silhouettes fantomatiques des arbres avait déjà considérablement fondu. On a déchaussé les raquettes et quitté ce joli site naturel. On a repris la voiture pour faire une petite balade à New Richmond avant de se régaler d’un bon repas au restaurant « Au Fin Gourmet ».

Fin de journée à Carleton-sur-Mer, avec vue sur la Baie des Chaleurs

Habitée par un optimisme (une naïveté ?) sans faille, j’ai ensuite proposé que l’on rejoigne l’Oratoire Notre-Dame-du-Mont-Saint-Joseph, à Carleton, pour profiter d’une jolie vue sur la Baie. Mais la route permettant d’y accéder n’était pas totalement dégagée et, arrivés au virage en épingle, on a dû faire demi-tour. La vue était déjà belle, mais elle l’aurait sûrement était encore plus de là-haut !

Si vous voulez voir de jolies photos depuis l'Oratoire, en automne, rendez-vous sur le site d'Audrey, Arpenter le Chemin

On a finalement profité du soleil de l’après-midi pour se promener sur le banc de Carleton, parmi les bateaux à quai pour l’hiver. Accompagnés de nos appareils photos, on a immortalisé les coques figées dans le grand manteau blanc, les « vagues » formées par le vent dans le neige et toutes les beautés de ce paysage, sublimé par l’hiver.

Après une escale au Naufrageur, microbrasserie locale chaleureuse, on a repris la route pour rejoindre notre motel dans la lumière déclinante. Un arrêt s’est imposé à nous, pour profiter d’un magnifique coucher de soleil sur la neige, moment inoubliable de ce séjour au Québec. Un beau moment qui s’est prolongé ensuite depuis notre studio sur les eaux de la rivière, du fleuve ou des deux ...

A peu de choses près c'était le bateau des Tortues Ninja ! Kara ... boudga ! ^^

Cette journée s’est achevée sur ces belles couleurs et un sentiment de bonheur intense. Ces quelques heures passées dans La Baie des Chaleurs font partie de mes plus beaux souvenirs au Québec, des images hivernales qui m’ont profondément marquée et auxquelles j’aime beaucoup repenser, encore et encore.

Je dis ça mais tout ce voyage est un souvenir merveilleux et il y a encore eu beaucoup de belles choses durant ce séjour ! La preuve c’est que dès le lendemain, Rimouski, le Parc National du Bic et bien d’autres belles découvertes nous attendaient … Mais tout ça je vous le raconterai … la prochaine fois !

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4 Replies to “Road trip d’hiver au Québec : parenthèse enchantée dans la Baie-des-Chaleurs”

  1. Comme j’aime tes photos, toutes tes photos, de cette région gaspésienne que je connais bien peu. Tu me la fais découvrir! Et savais-tu que certains acadiens se sont aussi sauvés de la déportation en se réfugiant dans… Lanaudière! 😉

    1. Ah non je ne savais pas, une raison de plus d’aller à Lanaudière 😉
      Merci pour ton commentaire, ça me touche beaucoup ! C’est vraiment une belle région oui, je ne peux que te conseiller d’aller la voir en vrai quand ce sera possible de se déplacer comme bon te semble !

  2. Encore un super récit ! J’aime toujours autant ces maisons en bois coloré que l’on voit de loin, ces ambiances de bout du monde ! De plus avec la neige, cela renforce encore plus cette impression, quand on voit c’est si grandes étendues de neige, à perte de vue, quelle nature sauvage ! 😀

    1. Merci beaucoup Anne ! Tu adorerais te balader au Québec alors parce qu’il y a des maisons colorés absolument partout ! Et la neige … ah la neige … (soupir rêveur) <3

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